Pour sauver la planète, ces Français font gober des mouches à leurs chiens

Vous voulez vraiment une alimentation éco-responsable ? Commencez par vider la gamelle de votre compagnon à quatre pattes. Des Français lancent des aliments à base d’insecte bien plus raisonnables pour la planète.
  • Révolution à pattes de mouches. Discrètement, Nestlé Purina (principal concurrent de Pedigree et Whiskas) a lancé une gamme avec une viande surprenante : des insectes en lieu et place des poulets, veaux et autres bidoches. « Il va falloir diversifier les sources d'approvisionnement en protéines au cours des prochaines années pour garantir une nourriture durable à la planète » justifie son directeur aux Echos. Mais ce qui devrait vous faire dresser l’oreille, c’est que ce changement de stratégie chez le leader du marché arrive après que d’autres plus petits ont montré la voie. Et dans ce domaine, "Cocorico !" les Français ont eu du flair.

    Il y pensait depuis 2018, l’ancien bénévole de la S.P.A., Basile Laigre vient de lancer Reglo Pet Food, des croquettes pour chiens contenant des lentilles, de la patate douce et… des mouches soldats noirs. Ne vous fiez pas au nom évoquant les Stormtroopers de Star Wars, ces diptères ont l’avantage de survivre sur tous les continents, sont faciles à élever et comblent largement les apports protéiniques des chiens. Dans la même logique, la recette – élaborée depuis 2018 sous contrôle de vétérinaires – n’ajoute pas de graisse d’origine animale comme celles de volaille généralement utilisée comme exhausteurs de goût pour tromper nos meilleurs amis.

    Même combat pour Tomojo en Mayenne. En vente depuis 2019, leurs croquettes de mouches et vers de farine contiennent toutes les protéines, acides aminées et vitamines qu’il faut sans s’en prendre à des bovins. Mais que les véganes nous pardonnent, il s’agit bien de protéines animales comme le rappelle la co-fondatrice, Paola Teulières.

    Made in France et very very local. Fabriquées en Mayenne, la société fait son maximum pour limiter les produits importés afin de réduire l’impact de sa propre production. Car le grand saut, une fois qu’on a convaincu les chiens, qui ne rechignent pas à finir leur gamelle, c’est qu’une telle production est directement à l’échelle industrielle : « Nous avons démarré avec des productions de 500 kilos et puis d'une tonne, maintenant nous avons des camions entiers qui partent ». Les deux dirigeantes échafaudent des plans pour alimenter une dizaine de nouveaux pays… Autre fabricant, Ynovéa en Corrèze a choisi pour sa part de viser plus large, avec des aliments pour chiens et chats, mais aussi des graines pour oiseaux et poudres pour poissons.

    La critique finit inévitablement par arriver sur le tapis : les chiens ne se nourrissent pas d’insectes ? Basile Laigre a la réponse parfaite : « ils ne mangent pas non plus d'agneau ou de saumon ». Bim ! Et le revirement de Nestle est là pour lui donner raison. Sauf qu’eux se contentent d’ajouter 7 à 30 % d’insectes à leurs recettes « poulet » et « foie de porc » et non de supprimer la viande.

    « On estime que 20 % de la viande produite dans le monde sert à nourrir des chiens. »

    On en parle peu mais dans le secteur de l’alimentation, la nourriture pour animaux pèse lourd. Trop lourd… Un foyer sur deux en France possède un animal de compagnie, selon la FACCO, ce qui rassemblait 7,4 millions de chiens et 14 millions de chats en 2018. Or à peine 3 % des maîtres de chien et 1 % des propriétaires de chat leur sert de la nourriture "maison" à manger. L'écrasante majorité préfère les croquettes et boites toutes prêtes des industriels.

    Le souci, c’est que celle-ci consomme énormément de ressources naturelles pour les fabriquer car elles découlent d’élevages. En nourrissant votre labrador avec des croquettes pendant un an, vous ajoutez 1,7 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Ce que dégage une voiture en roulant 15 000 kilomètres. Alors si vous voulez agir, vous pouvez soit changer de voiture, soit changer de gamelle.

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