2021 M04 7
Un an de télétravail, ça vous mine le moral... Alors pour tenir face à ce jour sans fin qu’est la crise sanitaire et s’évader du petit deux pièces qu’elle occupe dans la banlieue de Toulouse, Marie s’est mise à marcher quotidiennement. « Pendant le premier confinement, vu qu’on n’avait pas le droit de s’éloigner à plus d’un kilomètre de chez soi, je faisais presque toujours la même balade sur un petit chemin le long du bois qui est derrière ma résidence et je me suis rendue compte au bout de quelques jours que le fossé qui longeait ce chemin était un vrai dépotoir », se désole la jeune ingénieure en aéronautique.
Au bout de deux semaines, elle sort faire sa balade quotidienne munie de gants et d’un sac poubelle et commence à ramasser des déchets. « Je ne marchais plus pour marcher, j’avais l’impression de marcher utile et je ramassais chaque jour un sac poubelle de 30 litres rempli de cochonneries », se remémore-t-elle.
Une armée de marcheurs propres
En surfant sur le net, elle découvre que ce qu’elle vient de commencer à faire toute seule dans son coin porte un nom : le « clean walk » - la marche propre - et qu’il existe déjà de nombreuses communautés comme Cleanwalk ou Cleanwalker , les deux plus importantes en France, qui fédèrent les marcheurs propres.
Ces deux associations, parmi d’autres, proposent via leur plateforme d'organiser ou de s’inscrire à des opérations de nettoyage citoyen qui consistent en de grandes balades avec des amis, des voisins ou de parfaits inconnus avec pour mission de ramasser les déchets sauvages sur le trajet.
Dès le déconfinement, Marie s’inscrit sur les deux plateformes et commence à participer à des « clean walks » tous les week-ends. « Je suis Parisienne et je m’étais installée à Toulouse deux mois avant le confinement. Je ne connaissais pas grand monde mais avec ces clean walks je me suis fait un super groupe d’amis », s’enthousiasme-t-elle.
Des amis hétéroclites qu'elle n'aurait sans doute jamais rencontrés sans ce biais. Parmi eux, il y a Charles, ex-enseignant à la retraite depuis deux ans et « triple ponté coronarien », comme il le revendique. « J’ai eu de gros soucis de santé et dans ma rééducation, il fallait que je marche. Marcher seul, c’est glauque. Marcher avec d’autres c’est plus sympa. Mais marcher en groupe avec un but, ça change tout. Je suis devenu un cleanwalker. J’ai acheté une pince, des gants, des bottes et je me suis focalisé sur le ramassage de mégots. Pour moi qui suis un ex-gros fumeur et qui suis malade à cause de ça, c’est plutôt symbolique, non ? », s’amuse-t-il.
« C’est un sport écologique qui est aussi bénéfique pour la planète que pour le moral. »
Aurélie est aussi la nouvelle amie de Marie. Cette mère de famille de quarante ans avait des objectifs très didactiques lorsqu’elle s’est inscrite à ses premiers clean walks. « Je voulais éduquer mes deux fils à l’écologie d’une manière pro-active, récite-t-elle. Ça fait un peu marketing comme discours, normal c’est mon métier. Mais après trois clean walks qui se sont terminés par des pique-niques, des dîners et de nouvelles amitiés, je me suis rendue compte que ce que j’allais apporter à mes enfants était bien plus que ça. Se faire du bien en faisant du sport, nettoyer son quartier, rencontrer de nouveaux amis, c’est vraiment top : c’est un sport écologique qui est aussi bénéfique pour la planète que pour le moral. »
« Ça a carrément changé ma vie »
Depuis le mois de mai dernier, Marie a perdu 5 kilos parce qu’elle marche tous les jours, s’est fait un groupe d’amis incroyables et est devenue l'organisatrice en chef des cleanwalks de sa commune . « Ça a carrément changé ma vie. Alors, oui, peut-être qu’on ne change pas le monde, mais on embellit notre ville, on fait du sport, on est heureux ensemble et c’est déjà énorme. » Ah oui et pour la petite histoire, en décembre dernier, Marie a également fait la connaissance de Thomas pendant un clean walk. Depuis quatre mois, les deux marcheurs propres ne se quittent plus. Ensemble, ils ont déjà collecté 28 sacs poubelles de déchets sauvages. Une manière orginale de commencer une belle histoire, non ?