Snowfarming : tout se recycle, même la neige !

Pas de neige à cause de la douceur de cet hiver ! Pas de problème, on utilise celle de l’année dernière. Pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique, des stations de ski pratiquent désormais le recyclage de leur neige. On vous explique comment.
  • Le « snowfarming » (ferme des neige) est pratiqué depuis plus de 20 ans dans les pays nordiques. C’est un des moyens mis en oeuvre par les stations de basses altitudes pour lutter contre le réchauffement climatique et des hivers de plus en plus doux donc sans neige. D’ailleurs, selon une étude publiée dans Cryosphere le couvert neigeux est (encore) appelé à diminuer d’au moins 30 % dans les Alpes d’ici la fin du siècle… mais uniquement si on parvient à limiter la hausse des températures à 2 degrés Celsius, ce qui n’est pas acquis pour l’instant.

    Le principe du « snowfarming » est simple : la neige est amassée durant l'hiver à proximité des pistes, dans un endroit propice, peu exposé au soleil et au vent. Le stock est recouvert de sciure ou de copeaux de bois. Cette couche, d'environ 50 cm, va conserver la neige tout l’été et à la fin de l’automne, elle est retirée puis conservée pour les années suivantes. La neige est alors étalée pour créer une piste de ski de fond d’environ 3 km pour un stockage de 5 000 m3. La perte est d’environ 20 à 30% pendant l’été, pas davantage. Une solution d'appoint intéressante quand les températures ne permettent pas la production de neige artificielle. C’est surtout une méthode écologique car elle permet de pallier des dépenses d’eau importantes pour produire cette fausse neige.

    Le « snowfarming » a été expérimenté pour la première fois en France en 2009 par le Centre National de Ski Nordique (CNSN) à Prémanon dans le Jura, pour assurer des compétitions comme la coupe du monde de ski de fond. Les premières études sur le terrain, elles, ont été menées dès 2008 dans les Alpes suisses. L’idée pour l’Institut d’étude de la neige et des avalanches (LSF) était d'évaluer si le « snowfarming » était possible à des altitudes relativement basses et quelles étaient les méthodes de couverture les plus appropriées. Résultat : l’épaisse couche de sciure de bois agit nettement plus efficacement contre la fonte que les minces géotextiles utilisés dans des conditions comparables. Seul un quart d’or blanc a fondu sous la couverture de sciure. 

    Les autres sommets français commencent aussi à s’y mettre, car les vallées sans glacier situées sous 2000 mètres d’altitude sont toutes touchées par la diminution de l’enneigement naturel. Le domaine skiable des Saisies en Savoie a ainsi stocké plus de 11 000 mètres cubes de neige l’été dernier. Dès le 5 novembre, la petite commune savoyarde de Bessans, à 1750 mètres, a pu aussi répartir sur trois kilomètres de piste 10 800 mètres carrés de neige de 2021. « Ce n’est pas de la bonne neige fraîche qui vient de tomber, mais ce n’est pas du tout gênant, on s’adapte. Et puis, on est tellement heureux de pouvoir skier début novembre ! » a expliqué à l’AFP Jeanne Richard, membre de l’équipe française de biathlon.

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