2023 M07 6
La France est le premier pays d’Europe en nombre de piscines, le deuxième dans le monde après les États-Unis, d’après les chiffres de la Fédération des Professionnels de la Piscine et du spa (FPP). Nous comptons en effet 3,4 millions de bassins (enterrés et hors-sol) sur le territoire, avec un parc multiplié par près de 2 en 10 ans. Un phénomène qui tend également à se démocratiser puisqu’aujourd’hui 44 % des propriétaires de piscines sont employés, ouvriers ou agriculteurs. Des propriétaires que l’on montre souvent du doigt car une piscine consomme de l’électricité, de l’eau pour les nettoyages réguliers et rejette du chlore et des impuretés dans la nature (même si c’est totalement interdit).
En effet, lorsqu’on veut éclaircir l’eau de sa piscine on doit nettoyer le filtre à sable dont le rôle est de retenir les impuretés. On utilise alors une grosse quantité d’eau et on rejette cette eau « sale » et chlorée dans la nature ou le réseau collectif d’eau pluviale. Sans oublier qu’ensuite il faut compenser avec de l’eau « propre » dans la piscine. Difficile d’estimer les volumes « gaspillés » par les propriétaires de piscine. Le nettoyage du filtre doit être effectué trois ou quatre fois dans la saison, pour une dépense de 15 m3 d’eau en moyenne par an (1 % de la consommation globale). C’est peu, car deux fois moins qu’une simple fuite de robinet, estimée à 35 m3. Mais ce n’est pas négligeable en période de pénurie.
💧 État des nappes d’eau souterraine au 1er juin 2023
— BRGM (@BRGM_fr) June 14, 2023
Que retenir ?
🔸Les niveaux sont majoritairement en baisse
🔸66% des nappes restent sous les normales mensuelles en mai 2023
(68% en avril 2022) pic.twitter.com/0TpeqTTzxr
Le "Stop Eau Gaspi" à la quatrième place du concours Lépine
« Mon invention permet de baisser la consommation électrique de la pompe de ma piscine de 50%, d’éviter 100% de gaspillage d’eau mais aussi d’éviter de rejeter des saletés dans la nature. C’est un circuit fermé qui en plus améliore la qualité de l’eau du bassin », explique Patrice Fortin, 62 ans, inventeur d’un système qui permet de réutiliser l’eau d’une piscine presque à l’infini. En 2018, après des nettoyages à répétition à cause du sable du Sahara qui a envahi sa piscine, Patrice a pensé à une solution.
« Le principe est simple c’est celui de la gravité terrestre ou plutôt la décantation pour les liquides. Au lieu, de nettoyer systématiquement mon bassin après ces épisodes de sable du Sahara j’ai pensé à intégrer un réservoir supplémentaire dans mon système d’épuration. Un réservoir de décantation où les poussières tombent naturellement au fond. L’eau de nouveau claire peut ensuite être réinjectée dans la piscine. Il suffit alors de récupérer les impuretés à la fin de la saison. Soit un verre de 20 cl. » Résultat : un système vertueux car on n’utilise plus d’eau pour le nettoyage, on ne jette plus son eau sale et on consomme moins d’électricité car la pompe est moins sollicitée.
Le « Stop Eau Gaspi » de Patrice a été primé au célèbre concours Lépine cette année. Il a terminé 4ème sur 374 participants. Son inventeur recherche désormais des financeurs pour fabriquer et commercialiser son dispositif à grande échelle. « Il faudrait autour de 300 000 euros pour lancer le projet et la production. Avec à l’arrivée un prix de vente que j’estime à 300 € pour les particuliers », poursuit Patrice. « Évidemment, les spécialistes de la piscine ne me regardent pas d’un très bon œil. Et oui, eux ce qu’ils veulent c’est vendre des produits et moi je propose d’en utiliser le moins possible ! »