2021 M03 15
Plus de 200 millions de repas ont été livrés en France en 2019, générant environ 600 millions d’emballages à usage unique. Des sacs, barquettes, bouteilles qui terminent invariablement leur vie dans nos poubelles.
Un chiffre qui inquiète quand on voit le boom du secteur de la livraison alimentaire, en particulier au regard de la crise sanitaire que nous traversons actuellement. D’après les chiffres du ministère de la Transition Écologique, la livraison de repas à domicile est un marché en progression constante de 20% par an.
Pour ces raisons, 19 acteurs de la livraison ont signé une charte en début d’année pour réduire les déchets et emballages plastiques à usage unique de leur activité. Uber Eats, Deliveroo, Frichti et consorts se sont ainsi engagés à passer à 50% d’emballages livrés sans plastique à usage unique d’ici 2022 puis à 70% en 2023.
Quelles solutions pour réduire l’utilisation de ces emballages à usage unique ?
La première solution, c’est évidemment de penser à des emballages réutilisables et consignés afin qu’ils soient récupérés, lavés et remis en circulation. Cela peut se faire à l’échelle d’un restaurant, qui récupère lui-même les contenants de ses clients ou via un partenaire spécialisé sur le sujet.
C’est par exemple le modèle de d'entreprises comme Uzaje ou Reconcil qui proposent des contenants réutilisables aux restaurateurs mais qui peuvent également gérer la livraison et le nettoyage de ceux-ci.
Ces concepts se déploient aujourd’hui beaucoup à l’échelle locale, avec des entreprises qui se spécialisent sur une ville ou une région (BoxEaty à Bordeaux, En boîte le plat à Toulouse, par exemple) afin de permettre aux utilisateurs de les déposer dans n’importe quel restaurant de la ville et faciliter ainsi la démarche. L’emballage consigné est ainsi la piste prioritaire pour répondre à cette problématique.
Il existe ensuite différentes possibilités pour des emballages moins polluants que le plastique, grâce à des matières qui se recyclent ou se compostent (le carton ou le PLA par exemple). Et pour les plus gourmands, il y a aussi des alternatives comestibles qui émergent petit à petit, à l’image de la vaisselle comestible développée par la startup belge Do Eat ou encore les tasses à café en gaufre de Tassiopée.
Des plateformes responsables pour contrer les limites du modèle Uber
Au-delà des emballages en plastique à usage unique, le modèle des géants de la livraison de repas à domicile fait grincer des dents depuis de longues années, en particulier à cause des conditions de travail des livreurs.
Pour prendre ce contre-pied, dans plusieurs villes françaises (Nantes, Bordeaux, Lille, Montpellier, Rennes), des livreurs se regroupent en coopératives pour proposer un autre modèle à la fois plus écologique et socialement responsable. Notamment afin de donner un meilleur statut social aux livreurs.
À Nantes, par exemple, Naofood est l’une d’entre elles. Cette plateforme de livraison créée l’année dernière ne livre qu’à vélo, à partir d’un réseau restreint de restaurateurs qui garantissent un approvisionnement en produits frais, locaux. 2 % des bénéfices sont reversés à différentes associations de protection animales, environnementales ou encore sociales. Et les livreurs sont tous associés de la coopérative.
Bref, le secteur de la livraison se réinvente dans le bon sens, et c'est tant mieux !