2022 M12 15
Au niveau mondial, on estime que plus de 710 millions de tonnes de déchets plastiques se sont accumulés dans le milieu naturel, notamment marin, au cours des vingt dernières années. Ce sont près de 8 millions de tonnes par an de macroplastiques et 1,5 millions de tonnes de microplastiques qui finissent dans les océans. On estime ainsi que 73 % des déchets sur les plages sont du plastique.
En parallèle, la production mondiale de plastique a connu une croissance exponentielle, ces dernières décennies, passant de 2,3 millions de tonnes en 1950 à 162 millions en 1993 puis 448 millions en 2015. Aujourd’hui, on estime que près d'un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute.
De nos jours, le marché principal du plastique est celui des emballages. Ce segment représente à présent près de la moitié de tous les déchets plastiques produits dans le monde, la plupart n'étant jamais recyclés ou incinérés. Par ailleurs, 40 % du plastique n'est utilisé qu'une fois, avant d'être jeté.
Alors, pour mettre fin à la pollution plastique, les efforts se concentrent sur la collecte et le recyclage, la fabrication de matériaux non-polluants ainsi que sur des traités pour concerner tous les pays du monde. Et sur ces sujets, il y a heureusement de bonnes raisons d’espérer.
Vers la fin du plastique à usage unique ?
Parmi les bonnes nouvelles de ces derniers mois, il faut savoir qu’en France, à partir du 1er janvier 2023, les contenants réutilisables seront imposés dans la restauration rapide, comme le prévoit la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire (AGEC) adoptée en février 2020.
Cette mesure aura un impact environnemental immédiat sur l’environnement puisque les enseignes de restauration rapide servent environ six milliards de repas par an et sont à l'origine de 220 000 tonnes de déchets d'emballages et de vaisselle jetable par an rien qu’en France. Si cette interdiction n’est pas encore généralisée à l’échelle mondiale, c’est une première étape qui pourrait inspirer rapidement d’autres pays du globe.
Des innovations pour du plastique biosourcé
En parallèle, il y a de nombreuses innovations qui sont en train de voir le jour pour remplacer les emballages en plastique par des alternatives biodégradables ou compostables. C’est le cas par exemple d’Eranova et Algopack, deux entreprises françaises qui fabriquent leurs emballages à base d’algues, et notamment des algues vertes ou des Sargasses échouées qui polluent les plages et qui constituent un danger pour la santé publique. En général, leurs bioplastiques sont 100% biosourcés, compostables et/ou biodégradables.
On peut aussi citer le cas de l’entreprise Lactips, qui utilise des protéines de lait pour fabriquer du plastique 100 % biosourcé. Demain, ces innovations pourraient être l’avenir de nos emballages.
Le recyclage du plastique s’améliore
Côté recyclage, il y a aussi des progrès notables. Les chercheurs du CNRS travaillent par exemple sur le recyclage du plastique. Leur solution ? Il s’agit d’intégrer des molécules organiques à la matière plastique qui, en réagissant à la lumière, vont la transformer en chaleur. Ce procédé permettrait aux plastiques d’être remodelés plus facilement et à moindre coût.
D’autre part, le recyclage du plastique s’améliore nettement ces dernières années. En France, il a progressé de 20% en 2021, notamment grâce à l’amélioration de la collecte. À l’échelle mondiale, si 91% des plastiques ne sont toujours pas correctement traités, il y a aussi des améliorations à souligner avec de nombreux débouchés pour les filières locales. Près de 115 pays interdisent par exemple les sacs plastiques à usage unique.
175 pays en faveur d’un traité mondial sur le plastique
Au niveau mondial, une autre bonne nouvelle est d’ailleurs à souligner : l'imminence d’un traité mondial pour mettre fin aux plastiques. En effet l'assemblée des Nations unies pour l'Environnement (ANUE) réunissant 175 États, a voté une résolution le 2 mars 2022 ouvrant la voie à la négociation d'un traité mondial pour mettre fin à la pollution par les déchets plastiques. Cette décision a été historique car c’est la première fois que l’ONU va pouvoir élaborer un texte juridiquement contraignant sur le plastique. Il pourrait permettre de mettre fin à la pollution plastique dans le monde. Ce texte historique devrait voir le jour d’ici 2024.