5 minutes pour comprendre les néonicotinoïdes (et leurs alternatives)

C’est un sujet qui fait actuellement débat, le gouvernement a ré-autorisé l’utilisation des pesticides à base de néonicotinoïdes afin d’aider les producteurs de betterave. Connus sous le nom de “pesticides tueurs d’abeilles”, ils étaient interdits depuis 2018. Mais c’est quoi au juste les néonicotinoïdes ?
  • Les néonicotinoïdes représentent une famille d’insecticides utilisés en agriculture. On en parle cette année car les producteurs de betteraves ont vu leurs cultures être endommagées par une maladie - la jaunisse - causée par des colonies de pucerons que les néonics permettaient justement d’éviter. 

    Jusqu’à leur interdiction en 2018, les néonicotinoïdes représentaient 40% du marché mondial des insecticides agricoles. Il faut dire que ces produits attaquent directement le système nerveux central des insectes, ce qui leur confère une efficacité extraordinaire… Mais provoque un effet non-intentionnel létal sur la biodiversité, en particulier sur les insectes pollinisateurs.

    Les néonics sont des insecticides dits « systémiques ». Ça signifie que le toxique qu’ils libèrent circule dans l’intégralité du système vasculaire de la plante et finit par se retrouver aussi dans le pollen ou le nectar en période de floraison. En bout de chaîne, les abeilles et bourdons qui viennent butiner les fleurs se retrouvent donc intoxiqué à leur tour. 

    À haute dose, ces produits vont directement tuer les pollinisateurs. Des études ont aussi prouvé que certaines abeilles exposées à ces produits à faible dose étaient désorientées et ne retrouvaient plus leurs ruches, finissant par mourir dans la nature. Mais le plus grave, c’est surtout que ces produits les attirent !

    En effet les néonicotinoïdes sont des produits dérivés de la nicotine et agissent donc comme la cigarette pour l’humain : ils créent une réelle addiction. Autre problème documenté par les scientifiques : les plantes n’absorbent en moyenne que 10% du produit. Le reste contamine donc les sols et les cours d’eau. 

    Pour toutes ces raisons, les pesticides à base de néonicotinoïdes ont été progressivement interdits dans le monde ces dernières années. En Europe, la première interdiction date de 2013. Elle laissait cependant des dérogations possibles (utilisation accordée l’hiver, ainsi que pour certaines céréales et pour les betteraves). En Avril 2018, ces produits ont été définitivement interdits. Mais les pays de l’UE peuvent cependant autoriser des dérogations spéciales sous certaines conditions. 

    C’est ce qui s’est passé ces dernières semaines avec le vote d’une dérogation qui ré-autorise donc les néonics uniquement pour la betterave sucrière et jusqu’en 2023. 

    Pourquoi la betterave en particulier ? Cela permet de soutenir une filière agricole en difficulté en attendant de trouver des alternatives. D’autant que ces plantes sont récoltées avant floraison, ce qui limiterait l’impact mortel sur les abeilles.

    Quelles alternatives possibles à ces produits ? 

    La complexité des écosystèmes et des pratiques agricoles fait qu’il n’y a pas de solution miracle. Une expertise menée par l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a procédé à une évaluation approfondie des alternatives disponibles pour remplacer les néonics. 

    Malheureusement, l'alternative la plus courante, dans 89 % des cas, est l'utilisation d'un autre insecticide chimique. Il y a quelques alternatives non-chimiques, notamment le biocontrôle. Mais cela implique une transition à grande échelle de notre modèle agricole, mais cela prend du temps. 

    C’est en partie ce qui se passe en agriculture biologique, notamment parce que les exploitations qui pratiquent la bio sont plus petites et peuvent donc mieux gérer les pratiques agroécologiques qui consistent à faire pousser des plantes répulsives à côté des cultures, ou de faire intervenir d’autres animaux (comme les coccinelles) pour gérer les nuisibles et ravageurs. 

    L’agriculture de précision est une autre alternative explorée. Elle consiste à utiliser la technologie (capteurs, radars, drones) pour prédire, surveiller et isoler très précisément les endroits qui nécessitent l’utilisation de pesticides afin d’en épandre moins et donc de réduire leur nocivité. 

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