2023 M04 18
Ce n’est pas un poisson d’avril, même si le timing est douteux ! Un article du 2 avril du journal anglais The Guardian nous apprend en effet que le gouvernement du Royaume Uni envisage d’empêcher les vaches de roter et péter pour réduire l'empreinte carbone de son agriculture et remplir ses objectifs climatiques en 2050. On savait déjà que le méthane (CH4), expulsé par les vaches après digestion, est le gaz à effet de serre qui a le plus d’impact sur le réchauffement climatique après le CO2. Le bétail contribuerait ainsi à environ 14,5% des émissions générées par le comportement humain. À l'échelle mondiale, en comptant les 1,6 milliard de vaches élevées pour la viande, cela représente plus d’un million de tonnes de méthane chaque année.
Les Britanniques pensent donc très sérieusement utiliser des poudres anti-flatulence à base d’additifs tels que des algues, des huiles essentielles, des acides organiques, des probiotiques et des antimicrobiens. Ces additifs alimentaires inhibent la formation de méthane dans l'organisme des vaches. L’Europe de son côté vient d’autoriser la commercialisation d’un produit similaire. Une molécule de synthèse baptisée 3-NOP qui agit sur les bactéries du système digestif des ruminants. D'après son fabricant néerlandais, ce produit permet de diminuer les émissions de méthane des vaches laitières de 20 à 35% : sans impact sur la production et sans danger pour les animaux et les consommateurs.
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Les militants écologiques sont sceptiques
« Les gouvernements et l'industrie adorent leurs solutions technologiques comme les suppresseurs de méthane pour l'alimentation du bétail et celles-ci peuvent aider un peu. Mais ils ne résoudront pas les principaux dommages associés à notre énorme fixation du bétail, du défrichage de la forêt tropicale pour les aliments et les pâturages à la pollution des rivières britanniques et aux dommages à la faune, qui inhibent également l'action sur le climat. Nous devons produire et manger moins et mieux de viande en utilisant des outils agro-écologiques connus pour leurs bienfaits sur l'ensemble de l'exploitation et de la nature » explique dans The Guardian Vicki Hird, responsable de l'agriculture pour Sustain, une alliance d'organisations qui promeuvent une meilleure alimentation et une meilleure agriculture.
Pour l'instant, il y a peu d’études et de recul scientifique sur l’utilisation de ces produits. D’ailleurs, un groupe de 700 scientifiques a critiqué le plan climat du gouvernement Britannique, notamment sur l'accent qu'il met dans la capture et le stockage du carbone, qui, selon eux, n'a pas encore prouvé son efficacité à grande échelle.
Finalement, on ne peut pas voir ces additifs alimentaires comme l’unique solution, voire la solution miracle, pour réduire l’impact environnemental de l’agriculture. D’autant plus que le méthane n’est pas le seul en cause, le protoxyde d'azote des engrais et les déjections animales contribuent aussi à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.