Et si les cochons nettoyaient nos vignes ?

Le travail mécanique de la terre est une catastrophe pour les terres agricoles. Sur certaines parcelles viticoles, il n’y a plus suffisamment de terre sur la couche de craie et la vigne a du mal à pousser. Autre calamité sur laquelle tout le monde s’accorde : l’utilisation d’herbicides. Alors que faire ? Demander de l’aide à la nature. Après le cheval, les moutons voire les poules ou les oies, c’est au tour des cochons nains de s’attaquer au désherbage des vignes.

Après le bordelais cet été, une expérimentation d’éco-pâturage est menée dans une parcelle de vignes en Champagne, dans la Marne, depuis janvier. L’idée de départ était de trouver la meilleure méthode, la plus écologique et économique, pour retirer les mauvaises herbes autour des ceps de vignes sans tasser la terre. Les tracteurs étant trop lourds, certains vignerons ont testé les moutons. Avec un bon résultat mais ils peuvent aussi s'attaquer aux vignes et manger les feuilles et les raisins. C’est Olivier Zebic, un consultant agricole et vinicole, qui a eu l’idée du cochon pour le désherbage. Une race bien particulière. Des porcs domestiques mahoris, qu'on appelle « Kune kune ».

Extraits videos de nos cochons kunekune 🐖 en plein travail en Champagne : un vrai travail du sol de précision écologique ! 🤩 pic.twitter.com/X8nSpOWNGO

— Olivier Zebic (@OlivierZebic) February 24, 2023

Le « Kune kune » est un cochon herbivore originaire de Nouvelle-Zélande, très docile, souvent adopté comme animal de compagnie. Sa robe au pelage couleur crème, noire, marron clair et roux, peut être bicolore ou tricolore. Son poids varie de 30 à 200 kg selon les individus. Ceux choisis par Olivier Zebic pèsent entre 35 et 45 kg et mesurent entre 30 et 40 cm au garrot. « Je me suis dit, s’ils font comme les moutons, mais toute l’année, c'est mieux. En plus, ils mangent les racines, ils préfèrent ça aux parties aériennes de la vigne. C’est génial pour enlever des chardons ou des mauvaises herbes. Surtout, vu leur taille, ils ne retournent pas la terre comme un sanglier. C’est très impressionnant » explique l’ingénieur agronome au Parisien. Formé à l'Inra à Montpellier il travaille également avec Hectar, un campus agricole innovant cofondé par Xavier Niel, c'est là qu'il a eu vent de ces animaux et de leur potentiel.

Et nos quatre petits cochons de Champagne semblent être le meilleur désherbant naturel qui soit. Non seulement ils mangent les herbes tout autour des pieds de vignes mais – et c'est leur gros avantage par rapport aux moutons – ils fouillent le sol avec leur groin à la recherche des racines des mauvaises herbes. Ils se nourrissent même des feuilles de vigne mortes. Éliminant ainsi nombre de maladies et parasites. Et ils sont plutôt délicats les bougres, puisqu’ils s’attachent à cette mission sans labourer le sol et sans abîmer les pieds de vigne, comme ce serait le cas avec une charrue. Résultat : nos amis limitent l'usage des herbicides et des tracteurs et font un travail plus complet à base de désherbage, d’aération du sol, de lutte contre le mildiou et autres champignons dévastateurs.

Et comme ils ne sont pas timides ils sont filmés par plusieurs caméras pendant toute leur journée de travail. Avec un objectif : exporter l’idée d’éco-pâturage dans les autres vignobles français.