Des films éco-responsables c'est possible !

Aujourd’hui, tous les secteurs de l’économie sont concernés par l’écologie. D’ailleurs, à compter du 31 mars, les producteurs d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles devront fournir un bilan carbone des œuvres au moment de leurs demandes d’aides au CNC. La contrepartie de ces aides publiques sera elle appliquée à compter du 1er janvier 2024. On vous explique comment.
  • Chaque année, le cinéma et l’audiovisuel français (mais aussi la distribution de vidéos en streaming, le cinéma, la publicité, la télévision, l’archivage et les projections) sont à l’origine de 1,7 million de tonnes équivalent carbone – c’est le bilan de la population d’une ville de 180.000 habitants comme Reims. L’étude réalisée par ÉcoProd en 2020 nous révèle que les déplacements des spectateurs représentent 15 % des émissions de gaz à effet de serre, qu’une heure d’émission TV équivaut à 10 tonnes d’équivalents carbone, un épisode d’une série tournée à Paris en émet 35 tonnes et une fiction tournée en France est à l’origine de 200 tonnes d’équivalents carbone.

    Cependant l’impact environnemental d’un film reste plus difficile à quantifier en raison des conditions de tournage (en studio, en extérieur au coin de la rue ou au bout du monde). Malgré tout, si on dissèque les différentes étapes de la production d’un film on peut avoir une idée plus précise de son impact sur l’environnement. Le tournage représente un quart des émissions, avec les deux plus gros postes qui englobent la régie (le transport, l’hébergement et la nourriture) et la consommation d’énergie. Arrive ensuite les décors qui représentent 20 % du total des émissions carbones d’un projet et 40 % de l’impact écologique d’un tournage. En moyenne, un long-métrage produit 15 tonnes de déchets de décor et de mobilier.

    Pourtant, aujourd’hui il existe des alternatives pour éviter de perdre les 65 millions de litres d’eau utilisés pour le tournage de « Titanic » ou les 30 millions d'euros dépensés en voitures détruites pendant le tournage de « Spectre » de la saga James Bond. Exemples : utiliser moins de projecteur électriques et éclairer les tournages en extérieur grâce à des générateurs à hydrogène (le tournage de la série « Lupin » a utilisé cette alternative durable, mais très coûteuse), privilégier les visioconférences pour limiter les déplacements et opter pour des voitures hybrides ou le covoiturage, ne servir que des repas végétariens, réduire le gaspillage alimentaire en offrant les restes aux associations locales, loger les équipes techniques le plus proche possible du lieu du tournage, réutiliser les décors, acheter du matériel d’occasion et surtout embaucher un référent « développement durable » pour réaliser le plus d’économies possibles. Et tout ça sans compter les problématiques liées à la promotion d’un film et à sa distribution en salle.

    Les récompenses cinématographiques suivent également le mouvement. À Cannes, depuis 2022, le prix Ecoprod est distribué aux films produits de la manière la plus éco-responsable possible.

    Les jeux vidéo aussi !

    Pour lutter contre tous ces gaspillages le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a dévoilé en octobre une nouvelle obligation de production de bilans carbone pour les producteurs. Concrètement, un bilan carbone prévisionnel devra être transmis au stade du devis de production, puis un bilan définitif détaillé au stade du devis final de production. L’élaboration de deux bilans permettra de fournir au CNC des données chiffrées sur l’impact environnemental des activités de création des œuvres, mais aussi d’accompagner la transformation du secteur vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux. 

    La mise en œuvre de cette mesure d’obligation de production de bilans carbone est envisagée de manière progressive. Le CNC souhaite sensibiliser et accompagner les producteurs dans l’appropriation des outils de calcul de l’empreinte carbone. Au premier trimestre 2023, afin d’harmoniser les pratiques, le Centre va homologuer en même temps des calculateurs sur la base d’une méthodologie de référence. Ces outils permettront aux producteurs de fournir les bilans demandés dès le 31 mars 2023. Mais attention, précision importante du CNC, il n’est pas question « de ne soutenir que les œuvres qui fourniraient un bon bilan carbone ».

    Cette mesure s’inscrit dans le Plan Action élaboré en 2021 pour aider le secteur du cinéma à effectuer sa transition écologique. Une obligation qui pourrait également être étendue aux œuvres d’animation et (surtout) aux jeux vidéo. Ce qui n’est pas rien, puisqu’on estime que nos consoles et autres jeux en ligne représentent 37 millions de tonnes d'équivalent CO2 !

    Notons que pour respecter la transition écologique, de nombreuses œuvres éco-produites voient le jour. C’est le cas de OVNI(s), une création originale Canal + qui a mis des actions en place afin de réduire l’impact écologique et de créer du divertissement aussi qualitatif qu’éthique.

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