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Le secteur des transports est le secteur le plus polluant en France, et celui qui figure parmi les priorités au niveau mondial pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. La voiture individuelle représente facilement la moitié de ces émissions, devant le transport de marchandises et le transport aérien.
C’est bien ce dernier qui est pourtant au cœur de nombreux débats depuis quelques années. Au fur et à mesure que les préoccupations climatiques gagnent du terrain, il est devenu difficile d’ignorer qu’un kilomètre en avion est 45 fois plus polluant qu’un kilomètre effectué en TGV. Aussi, pour les voyages sur de grandes distances, le transport aérien s’avère extrêmement polluant vis-à-vis de son grand-père le transport ferroviaire.
Il faut ajouter à celà que la dérégulation du transport aérien ces dernières années à permis à de nombreuses compagnies low-cost de voir le jour, promouvant ainsi des voyages au bout du monde pour un tarif déraisonnablement bas. Comment, dès lors, choisir entre un A/R Paris-Nantes à 100€ quand on peut faire Paris-Marrakech pour 20€ ?
Il y a encore quelques années, le transport aérien vivait sa meilleure vie tandis que le train perdait en célébrité. D’ailleurs, en France comme ailleurs, de nombreuses lignes de trains ont fermé depuis le début des années 2000 car elles n’étaient pas rentables.
Quand la honte de prendre l’avion nous surprend
Mais depuis, dans la foulée de l’activisme pro-climat mis en avant par Greta Thunberg et la compréhension des chiffres, une vague de terreur est venue secouer le monde shiny des pilotes de ligne. Une terreur dénommée Flygskam - la honte de l’avion en suédois - qui pousse de nombreux ménages à revoir leur manière de voyager.
« Les préoccupations liées à l'urgence climatique dans un monde post-pandémique semblent remettre l'accent sur des formes de voyage plus lentes et une approche différente des déplacements quotidiens » expliquait ainsi le très sérieux journal Forbes en sortie de pandémie au sujet de la honte de prendre l’avion et de l’essor du slow tourisme. Un sujet qui a beaucoup fait parler et qui, petit à petit, s’est inscrit dans le comportement des consommateurs.
Une étude datée de juin 2022 réalisée par la Fondation Jean-Jaurès et l’IFOP souligne ainsi qu’après les prix élevés et les difficultés d’accès à un aéroport, l’impact de l’aviation sur l’environnement représente aujourd’hui la troisième raison dissuadant les Français d’opter pour ce mode de transport. Ce sont notamment les plus jeunes qui y sont les plus sensibles. Environ un tiers des 18-24 ans font de l’impact environnemental la raison prioritaire pour laquelle ils ne prennent pas l’avion. Et par opposition, ils sont plus nombreux à prendre le train et à le revendiquer.
C’est encore de Suède qu’est venu le terme associé à cette pratique : le mot "Tågskryt" qui signifie “la fierté de prendre le train” est ainsi devenu une véritable tendance en Europe du Nord.
Rendre le train plus abordable, un sujet prioritaire ?
Et malgré les apparences, les jeunes sont écoutés. En Europe, en tout cas, de nombreux pays ont ainsi tenté de rendre le train plus abordable ces derniers mois afin de réduire l’impact environnemental des autres modes de transport.
En Allemagne, c’est le fameux « billet à 9€ » qui a connu un succès retentissant cet été. Il permettait d’utiliser presque tous les transports publics locaux et régionaux d’Allemagne pendant les mois de juin, juillet et août 2022 pour seulement 9€ par mois. Un véritable succès puisque le trafic ferroviaire a considérablement augmenté (+42%) sur cette période et a bénéficié à 31 millions d’allemands,”fiers” de prendre le train.
L’Autriche aussi mise sur le train depuis quelques années avec son « ticket climat » annuel pour favoriser l’usage des transports collectifs. Pour l’équivalent de 3 euros par jour, les Autrichiens peuvent se déplacer de manière illimitée sur les réseaux de transports publics et privés du pays. L’Espagne a également décidé de rendre gratuits certains billets de train depuis le premier septembre tandis que l’Irlande a par exemple proposé une baisse de 20 % du prix des billets de train dans cette même optique.