Des trains gratuits pour l’environnement

Depuis le 1er septembre, les espagnols peuvent voyager en train gratuitement. Le but : lutter contre la hausse générale des prix et en même temps les encourager à utiliser des moyens de transport plus respectueux de l’environnement. L’Autriche, l’Allemagne et le Luxembourg ont déjà pris des mesures identiques, mais pas la France. On vous explique pourquoi.
  • Nos voisins espagnols testent depuis le 1er septembre, et pendant 4 mois,  la gratuité des trains publics de banlieue et de moyenne distance de la Renfe (la SNCF locale). Ne sont concernés que les billets comptant plus de 10 voyages. Les allers simples restent payants, de même que tous les trajets longue distance. « Cette mesure encourage au maximum l’utilisation de ce type de transport public collectif pour garantir les déplacements quotidiens nécessaires avec un moyen de transport sûr, fiable, confortable, économique et durable, dans les circonstances extraordinaires de l’augmentation constante des prix de l’énergie et des carburants », déclare le ministère espagnol des Transports lors du lancement de l’opération.

    Alors pourquoi plusieurs pays européens se lancent dans le billet de train à 0€ ? Deux raisons justifient cette mesure. Premièrement, la volonté de réduire le réchauffement climatique : en France, le transport est le secteur qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre : 31% en 2019. La combustion des carburants libère du CO2 dans l’air et contribue au dérèglement climatique. Deuxièmement, la hausse des prix des carburants ces derniers mois provoquée par la guerre en Ukraine.

    En lançant le « ticket climat » en 2021, l’Autriche a été le pays précurseur de ce genre de mesure en Europe. Appelé "Klimaticket", il permet aux Autrichiens d’avoir accès à l’ensemble des transports en commun du pays pour 1095€ par an (soit 3€ par jour). Coût pour les pouvoirs publics autrichiens : 240 millions d’euros uniquement pour le lancement de la mesure. Le projet a également demandé des investissements de longue durée pour moderniser les infrastructures des transports. « Si on compare avec 2019, avant le Covid, on a maintenant déjà 15 % de plus de voyageurs. Cela montre que les gens sont prêts à prendre le train pour mieux respecter le climat », indique Julia Krutzler, porte-parole de l'OBB, les chemins de fer autrichiens.

    Résultat : plus de 13 000 personnes ont pris un abonnement un mois après l’instauration du "Klimaticket". Et 160 000 tickets ont été vendus en dix mois. Cette idée novatrice a été ensuite imitée par l’Allemagne. Le gouvernement d’Olaf Schölz a décidé de proposer un ticket mensuel à 9€ entre juin et août. Coût total de la mesure : autour de 3 milliards d’euros ! Trop tôt pour évaluer les répercussions écologiques de cette décision mais le succès autrichien devrait donner des idées à d’autres pays européens et pourquoi pas la France ? Plusieurs associations militent en faveur de ce type de mesure. C’est le cas du site "Ticket Climat", créé récemment.

    La SNCF n’y croit pas

    La SNCF rappelle que ces opérations ne visent que les transports de banlieue ou régionaux et pas les grandes lignes. Par ailleurs la compagnie nationale fait valoir également que les billets de TER (Transport Express Régional) sont déjà subventionnés à hauteur de 70% mais surtout qu’il s’agit là d’une décision des pouvoirs publics et non des opérateurs ferroviaires comme elle. La balle est donc dans le camp du gouvernement. Par ailleurs, pour la Fédération nationale des associations d’usagers de transport (Fnaut), ce n’est pas la baisse des tarifs qui fera prendre le train à plus de monde mais bien l’amélioration du confort, des cadences, des connexions et surtout... des trains qui arrivent à l’heure ! L’Allemagne, l’Italie ou l’Autriche investissent 7 milliards d’euros par an dans leurs infrastructures ferroviaires, la France seulement 3 ! A méditer.

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