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En temps normal, les océans et les mers parviennent à réguler leur température. Mais les temps ne sont plus normaux. Les températures élevées à la surface de la terre, le manque de vent et les modifications des courants océaniques perturbent la stabilité marine. Quand ces trois phénomènes interviennent en même temps, tous les éléments sont réunis pour faire grimper le thermomètre à la surface de l’eau. Et quand celui-ci est plus élevé que les normales de saison durant au moins cinq jours, les scientifiques parlent alors de « canicule marine ».
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— Le Monde (@lemondefr) July 29, 2022
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Pendant des années, l’océan a absorbé plus de 90% de l’excédent de la chaleur généré par les activités humaines, comme le souligne un rapport du GIEC sur le sujet publié en 2019. Petit à petit, l’eau des mers s’est réchauffée jusqu’à atteindre, aujourd’hui, un point critique qui favorise l’apparition des canicules marines. Toujours selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, entre 84 et 90 % d’entre elles sont aujourd’hui imputables au changement climatique. Les autres sont liés à des phénomènes météorologiques rares, comme le rappelle Reporterre dans cet article. Entre 1925 et 2016, le nombre de jours des vagues de chaleur marines a augmenté de 54 %, d’après des chiffres relayés ici.
Un emballement
L’océan Atlantique, l’océan Pacifique, la mer Méditerranée : les canicules marines touchent les mers au niveau mondial. En juin 2023, les températures au large des îles britanniques ont battu des records, plus de 5 °C par rapport aux normales de saison. En 2022, et durant 134 jours, les scientifiques ont enregistré une canicule en Méditerranée avec des températures autour des 30°.
« On se retrouve avec consécutivement deux années en canicule, alors qu’auparavant, ces canicules marines étaient espacées de plusieurs années. Donc on a l'impression d'un emballement qui nous surprend », explique à FranceInfo Jean-Pierre Gattuso, chercheur CNRS au Laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer.
La canicule marine européenne continue de percer le plafond. Elle est catégorisée "extrême" par la NOAA (catégorie 5) autour de l'Ecosse. Hier, la température de l'océan nord atlantique a atteint 23,05°C (soit +1.22°C d'anomalie).
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) June 19, 2023
Il n'y a aucun précédent en juin. De très loin. pic.twitter.com/IaSGsake9h
Les conséquences des vagues de chaleur marines ? Une « hécatombe invisible d’espèces marines », écrit Libération. « Lorsque ces seuils de température sont dépassés, cela peut générer un stress important, des échecs reproductifs, voire des mortalités massives, avec des implications pour l’ensemble de la chaîne alimentaire et des écosystèmes touchés », liste Dan Smale, ingénieur en écologie, à Reporterre. Des centaines d’espèces sont concernées, comme les coraux, les oursins, les posidonies ou encore les mollusques.
Des conséquences lourdes
L’autre conséquence, c'est la migration d’espèces — quand elles ne meurent pas. Des déplacements qui ont et auront des impacts sur la pêche — et donc sur l’activité commerciale liée à celle-ci — mais aussi sur la cohabitation des espèces entres elles avec l'apparition de nouveaux prédateurs et pas assez de proies pour toutes les espèces marines présentes. Enfin, quand les prairies marines sont touchées par des vagues de chaleur, elles peuvent aussi rejeter le CO2 qu'elles stockent dans l’atmosphère. Les océans pourraient ainsi perdre de leur capacité de « pompe à carbone » et donc accélérer encore un peu plus le dérèglement climatique sur terre.
Si rien ne change, et selon les prévisions des experts, la fréquence des canicules marines pourrait être multipliée par cinquante d’ici à 2100. Une hécatombe invisible, mais bien réelle.