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2023 aura été l’été de tous les records. De chaleur, de sécheresse, d’incendies gigantesques du Canada jusqu’en Méditerranée… La cause ? « Ce n’est pas un seul phénomène mais plusieurs qui interviennent en même temps, décrivait en juillet le météorologue Robert Vautard, avant de préciser : tous sont renforcés par un seul et même facteur : le changement climatique ».
Quelque jours plus tard, au Kenya, il était élu co-président d’un groupe de travail du GIEC. C’est le troisième Français à occuper ce poste, après le glaciologue Jean Jouzel et la paléo-climatologue Valérie Masson-Delmotte [notre portrait ici], où il va s’affairer à éclairer l’évolution du réchauffement climatique.
🌍 @RobertVautard, un éco-actif au sommet du Giec
— Libération (@libe) August 12, 2023
Ce spécialiste des événements extrêmes, féru de montagne où il pratique la randonnée et le deltaplane, livre à @Libe sa feuille de route, optimiste, pour lutter contre la crise climatique ⤵️ https://t.co/k6Il8587VG
Mieux comprendre un climat dynamique
À 60 ans, le climatologue et météorologue français n’est pas un inconnu. Chercheur au CNRS, il est depuis 2019 le directeur de l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPLS), haut-lieu de la recherche française en matière de compréhension et simulation des cycles de l’eau et du carbone. C’est là qu’on a développé en particulier d’importantes modélisations qui, couplées aux statistiques, facilitent la visualisation des variations climatiques et météorologiques.
Robert Vautard est également le coordinateur de Xaida, projet européen de prédiction d’évolution climatique assistée par intelligence artificielle. On lui doit aussi la modélisation prévisionnelle de référence européenne en matière de pollution atmosphérique.
En caricaturant grossièrement, on pourrait dire que si sa prédécesseure était experte des climats passés de la planète et de leurs variations, Robert Vautard est plus orienté sur le changement climatique en cours, ses effets et leur prévision. Il est également spécialiste des événements météorologiques extrêmes. Or les récents événements environnementaux confirment qu’on a urgemment besoin d’un tel regard...
Que change son élection ?
Robert Vautard a déjà fait connaître ses objectifs et les priorités qui vont orienter le prochain rapport des experts mondiaux du climat. Il souhaite d’abord actualiser toutes les connaissances de ce domaine afin d’être le plus à jour des derniers changements. Il a demandé plus d’exemples concrets de variations constatées de par le monde.
Mais il ajoute une nouvelle demande : augmenter les données régionales pour avoir une focale à la fois plus précise et plus variée. C’est aussi pour cela qu’il réclame plus de documents provenant de sources non anglophones...
Autre force, il aimerait recenser des choix faits d’adaptation face au changement climatique afin de pouvoir les évaluer mais aussi d’accélérer leur réplication à d’autres régions du globe. Enfin, action symbolique mais pas négligeable en terme d’influence, la co-présidence Vautard aimerait amener le GIEC à... réduire sa propre empreinte carbone.
Au fait, pourquoi remplace-t-il Valérie Masson-Delmotte ?
C'est le renouvellement normal des cycles du GIEC. Depuis 30 ans, cet organisme international dépendant de l’ONU possède trois groupes de travail travaillant par « cycle » de 5 à 7 ans afin d'analyser et de synthétiser les données scientifiques sur l’évolution du climat (groupe 1), d'identifier les sources et conséquences de ces mouvements (groupe 2) et évaluer les options de solution pour limiter les effets (groupe 3).
Après la publication du 6e rapport d’évaluation en mars 2023, un nouveau cycle a commencé, ce qui signifie de nouvelles élections pour établir les dirigeants, en assemblée plénière. C'est ainsi que le professeur en énergies durables Jim Skea a été élu par ses pairs à la présidence générale du GIEC. Valérie Masson-Delmotte a préféré ses études en Antarctique plutôt que de rempiler et c'est ainsi que que la co-présidence du groupe 1 a été confiée conjointement à Robert Vautard et à Xiaoye Zhang.
Être deux est une nécessité car ce mandat est bénévole et s'ajoute à leur métier. Mais ils ne seront pas trop de deux pour alerter et informer le monde alors même que nombre de climatologues fuient les réseaux sociaux où ils sont harcelés. Robert Vautard lui-même a fermé son compte X (ex Twitter) depuis sa nomination...
Crédit photo de Une : Youtube / EBG
Nous sommes la cible de milliers de comptes climatosceptiques depuis quelques heures, par la diffusion de ce tweet ci-dessous.
— Asso Infoclimat (@infoclimat) August 1, 2023
L'occasion de vous faire un point sur la source des données d'Infoclimat, les sources d'erreurs, et les corrections apportées (ou non). pic.twitter.com/nqKR9NdMna