2021 M10 12
Dans nos supermarchés, les laits végétaux sont de plus en plus nombreux à rejoindre le traditionnel lait de vache. Celles et ceux qui fréquentent des magasins bio connaissent peut-être le kéfir ou le lait de foin… Et le lait de chamelle ? Trouvera-t-on bientôt sur nos étals du « chameaubert », comme en Mauritanie ?
Julien Job habite dans le Nord près de Maubeuge, à Feignies. Des élevages comme les siens, il n’y en a que deux en France, et il est le pionnier. Tout a commencé en 2012, quand cet amoureux des bêtes a recueilli une jeune chamelle. Aujourd’hui, Julien est à la tête d’un troupeau de 60 camélidés que le public peut rencontrer à la Camélerie.
© ferme de Julien JOB, la Camélerie
Un pari pour l’avenir
« Ce sont des animaux fascinants et très très complets » nous explique le trentenaire. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a décidé de parier sur eux pour l’avenir… Et il n’est pas le seul. Il participe au « CAMEL MILK Project », un projet soutenu par l’Union européenne dont le but est de valoriser et promouvoir la production de lait de chamelle dans tout le bassin méditerranéen.
Pourquoi ? Parce qu'au regard du réchauffement climatique, notre façon de nous alimenter et de produire ne collera sans doute pas au monde de demain... "Les chameaux et dromadaires c’est du 100% bio rajoute-t-il. Ils sont résistants, n’ont besoin de rien et son source de protéine hyper importante ! Ce qui m’intéresse, ça n’est pas de remplacer les vaches par les dromadaires, ça, ça n’arrivera jamais. Mais là, on a un tel exemple de respect global : de l’animal, de la nature… Si on peut au moins se servir de ce schéma pour inspirer et faire changer les méthodes d’élevage intensif, ce serait génial !"
« Le lait de chamelle est trois fois plus riche en vitamine C que le lait de vache et se digère mieux. »
Un « super lait » aux mille vertus !
A la Camélerie on est très loin d’une production intensive. Une chamelle ne fait qu’un petit tous les deux ans et hors de question de lui retirer, sous peine qu’elle cesse immédiatement de produire du lait. Du coup, les chamelons de Julien grandissent tous aux pis de leur mère.
De l’élevage raisonné donc, pour un lait déclaré « super aliment » par la FAO (Food and Agriculture Administration). Entre autres, le lait de chamelle est trois fois plus riche en vitamine C que le lait de vache et se digère mieux. Une étude britannique a également montré que ses lipides seraient anti-inflammatoires et aideront donc à traiter le diabète de type 2.
Bref, à priori, on aurait tort de s’en priver. Mais pour se procurer du lait de chamelle 100% français, il faudra encore un peu patienter...
© ferme de Julien JOB, la Camélerie
Certes, Julien Job a déjà intégré le paysage agricole français, en participant notamment au Salon de l’Agriculture, mais il attend encore ses agrémentions pour pouvoir commercialiser son lait. « L’année prochaine, on espère... » nous explique-t-il. Un lait qui ne sera pas donné, puisqu’on l’estime aujourd’hui à 10 € le litre… Mais comme dit l’éleveur, « avec les chameaux, tout est en train de s'écrire ». On ne pensait clairement pas lire cette phrase un jour.