Ce qu’il faut retenir du plan de sobriété de l’eau présenté par Emmanuel Macron

Le chef de l'État a présenté ce jeudi 30 mars à Savines-le-Lac (Hautes-Alpes) son « plan de sobriété sur l’eau » pour répondre à la sécheresse historique que le pays est en train de vivre. Mais aussi, anticiper celles à venir ! Le but est de baisser les prélèvements d'eau douce de 10 % dans tous les secteurs d'ici 2030
  • Après la sécheresse historique de l'été 2022 et un hiver avec peu de pluie, les nappes phréatiques n'ont pas pu se remplir normalement. L’année 2022 a été marquée par un déficit pluviométrique record de 25 %. Elle se classe au 2e rang, après 1989, des années les moins arrosées depuis le début des mesures en 1959. D’ailleurs aujourd’hui, près de 25 départements sont déjà en vigilance, alerte ou alerte renforcée sécheresse, une situation exceptionnelle si tôt dans l'année. 80% des nappes souterraines étaient en février à des niveaux inférieurs à la normale, selon les données du Bureau des recherches géologiques et minières, contre moins de 50% il y a 1 an.

    Un constat alarmant qui a poussé Emmanuel Macron à proposer un « plan de sobriété sur l'eau » pour anticiper les effets du changement climatique. Un plan en cinq axes : accélérer la sobriété partout et dans la durée, lutter contre les fuites d'eau sur les réseaux, investir dans la réutilisation des eaux usées, planifier les usages de l’eau et mettre en place partout une tarification adaptée de l’eau. Premier objectif : réutilisation de 10% des eaux usées pour rattraper notre retard par rapport à nos voisins comme l’Espagne par exemple. Citant « l'énergie, l'industrie, le tourisme, les loisirs, l'agriculture », le chef de l'État a appelé à la responsabilisation de chacun. Il a également annoncé la mise en place, d’ici à début mai, d'un « Éco Watt de l'eau » sur le modèle de l'instrument mis en place pour réduire la consommation d'électricité pendant l'hiver. Cet outil permettra à chacun de connaître les gestes à adopter.

    La chasse aux fuites

    En ce qui concerne les fuites, Emmanuel Macron a rappelé qu’« un litre sur cinq est perdu à cause des fuites au niveau national ». Dans certains territoires, cela monte même à un litre sur deux. Résultat : « un grand plan va être lancé sur les infrastructures ». 180 millions supplémentaires d'euros seront mobilisés sur les 2.000 communes qui ont été privées d'eau l'été dernier (100 millions ont été déjà mobilisés pour financer 500 projets) et pour les 170 points noirs sur le territoire où les fuites sont les plus importantes, ceux où la perte est supérieure à 50% de l'eau.

    Vers une tarification progressive

    Emmanuel Macron veut aussi généraliser la « tarification progressive » de l'eau, expérimentée dans certains territoires depuis 2017. Au-delà d'un certain volume de base, le tarif augmentera pour dissuader les usages excessifs. « Ça ne veut pas dire que le prix de l'eau va augmenter, il est d'ailleurs aujourd'hui dans la moyenne quand on regarde le prix de l'eau en France », a-t-il précisé.

    Transformation de l'agriculture

    Dans le secteur agricole « toutes les nouvelles installations devront être adaptées au changement climatique avec des diagnostics eau, sols et adaptation intégrés aux aides à l'installation », précise le président. « Il faudra réinventer des territoires agricoles car le système climatique change et nous devons adapter nos cultures », ajoute-t-il. Ainsi, pour faire évoluer le stockage de l'eau, un fonds de 30 millions d'euros sera déployé pour financer des techniques qui favorisent la recharge des nappes. « Il faut tout faire pour réduire l'irrigation ».

    Sur le sujet des stockages artificiels, le président a défendu l'utilité des ouvrages du type de celui de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Mais il a proposé que les prochaines retenues prennent mieux en compte la raréfaction de l'eau liée au changement climatique, et qu'elles soient conditionnées à des « changements de pratiques significatifs », à commencer par des économies d'eau et une réduction de l'usage des pesticides par les agriculteurs.

    Plus de budget pour les agences de l’eau

    « Il ne s'agit pas de privatiser l'eau. Ou de permettre à certains de se l'accaparer », a déclaré Emmanuel Macron, en répétant que l'eau était « indispensable à notre souveraineté alimentaire ». Quant aux agences de l'eau, qui financent une large part des projets destinés à mieux gérer, préserver ou réutiliser la ressource en eau, le Chef de l’État prévoit « d'augmenter de 500 millions d'euros » par an leur budget annuel, actuellement de 2,2 milliards d'euros. Une dernière proposition qui fait partie des 50 mesures qui seront précisées prochainement.

    Avec AFP.

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