

Comment former 100 % d’étudiants à la transition écologique d’ici 5 ans ?
C’est la nouveauté de la prochaine rentrée : l’arrivée en force dans les grandes écoles et les universités de programmes sur les enjeux climatiques et la transition énergétique. Alors pour trouver le cursus qui vous correspond, voici quelques idées.
2022 M09 2
Le Manifeste pour un Réveil Écologique de 2018, signé par 30 000 étudiants des grandes écoles d'ingénieurs et de commerce, y est surement pour quelque chose. Un texte plutôt clair : « Malgré les multiples appels de la communauté scientifique, malgré les changements irréversibles d’ores-et-déjà observés à travers le monde, nos sociétés continuent leur trajectoire vers une catastrophe environnementale et humaine... En tant que citoyens, en tant que consommateurs, en tant que travailleurs, nous affirmons (...) notre détermination à changer un système économique en lequel nous ne croyons plus. »
Le rapport Jouzel, remis à la ministre de l’Enseignement Supérieur en février dernier, a enfoncé le clou. Le climatologue y développe un objectif ambitieux : former 100 % des étudiants de bac+2 à la transition écologique d’ici cinq ans. En avril, un collectif d’étudiants d’Agro Paris Tech a créé la surprise lors de la cérémonie de remise des diplômes de leur école, en l’accusant de ne pas considérer la catastrophe environnementale. Pire, de participer à l'aggraver. Enfin, début mai, dans une tribune du journal Le Monde, 150 étudiants des Écoles Normales Supérieures posent la question : « Que restera-t-il du vivant à étudier si nous n’avons rien fait pour l’empêcher de s’effondrer ? » Résultat de ces coups de semonce : jamais l’enseignement supérieur n’a proposé autant de cursus sur la transition écologique.

C’est un fait, depuis quelques mois de plus en plus d’écoles se mettent au vert. Parmi les précurseurs, le Campus des Transitions de Sciences Po Rennes n’a pas attendu 2018. Fondé en 2012, il propose à ses 150 étudiants d’étudier dans des tiers-lieux de la région. Où ils mettent la main à la patte. Ils travaillent, par exemple, en partenariat avec plusieurs collectivités normandes sur la dépollution des sols ou d’autres problématiques urbaines. Plus à l’ouest, Audencia, école de commerce nantaise, proposera à la rentrée un master spécialisé sur la transition énergétique supervisé par le think-tank de Jean-Marc Jancovici, le très médiatique ingénieur et entrepreneur. L’ESSEC n’est pas en reste : elle a lancé une démarche stratégique de 18 mois intitulée ESSEC Together, pour repenser l’école face aux enjeux sociaux et environnementaux.
De son côté, la prestigieuse École des Mines ouvre le Transition Institute TTI.5 à la rentrée prochaine. L’idée force : déployer une approche systémique et innovante à travers une démarche scientifique pour former les futurs décideurs et dirigeants. Autre initiative originale, CY Université à Cergy-Pontoise lance, dès cet été cette fois, des ateliers de sensibilisation aux enjeux climatiques comme la Fresque du Climat. Un atelier ludique et participatif utilisant des cartes créées à partir des données du Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) pour identifier les causes et les conséquences de tous les phénomènes liés aux changements climatiques.
Il reste encore du boulot
Alors, l’enseignement supérieur français va dans le bon sens mais il reste encore du boulot au niveau du vocabulaire par exemple. Selon la dernière enquête d’Ipsos et la Fondation Collège de France de 2021, les connaissances des 18-35 ans s’avèrent très limitées sur ces sujets. 46 % déclarent ne pas bien connaître la signification de l’expression « gaz à effet de serre », 55 % celle « d’empreinte écologique ».