2023 M02 22
C’est en Australie que cela a eu lieu il y a quelques mois. La direction d’un des principaux fournisseurs d’énergie australiens a été forcée de retirer un vaste plan d'investissement concernant des centrales à charbon à cause de ses actionnaires. Et en l'occurrence, à cause de l’un d’entre eux en particulier.
L’individu s’appelle Mike Cannon-Brookes. Milliardaire ayant fait fortune dans l’informatique, il est désormais un investisseur activiste et n’hésite pas à monter au capital des entreprises du secteur de l’énergie afin de les forcer à modifier leurs investissements et leurs stratégies.
Un “ennemi de l’intérieur” en quelque sorte qui fait partie d’une vague d’investisseurs engagés qui n’hésitent plus à rentrer au capital des entreprises pour déposer en assemblée générale des "résolutions climatiques".
Des exemples comme celui-ci, on en retrouve de plus en plus. Par exemple, en mai 2021, le hedge fund activiste Engine n°1, composé de spécialistes de la finance, a permis de réformer la gouvernance du groupe pétrolier américain Exxon en obtenant en assemblée générale des actionnaires, la nomination au conseil d’administration de l’entreprise de trois administrateurs “climat” qui ont pour objectif de pousser le géant de l’énergie à réduire son empreinte carbone.
Une démarche en forte progression à travers le monde
D’après la banque d’affaires Lazard, en 2022, on recense 235 campagnes similaires menées par des fonds d’investissement activistes à l’échelle mondiale. Une progression de 36% sur un an. La pratique est notamment très en vogue aux Etats-Unis, mais aussi aux Pays-Bas, en Allemagne ou même en Angleterre. En France, elle est cependant plus difficile à mettre en œuvre.
En France, l’activisme écologiste se heurte à une législation plus contraignante lorsqu’il s’agit de faire changer les grandes entreprises. Ainsi, pour déposer une résolution à l'assemblée générale d’une entreprise valorisée à plus de 15 millions d’euros, il faut représenter au moins 0,5 % du capital de l’entreprise. Un montant loin d’être anodin car, par exemple, il faudrait alors 700 millions d’euros pour posséder 0,5% du capital de TotalEnergies.
Cependant, cette méthodologie progresse et pourrait, au niveau mondial, permettre des grandes avancées sur le climat et la transition écologique. Le tout, en suivant les règles de la finance mondiale.