Une start-up invente le saumon in vitro pour lutter contre la surpêche

Une start-up américaine a peut-être trouvé la solution pour réduire la surpêche et l’élevage intensif des fermes aquacoles dangereuses pour l’écosystème : du saumon fabriqué en laboratoire. Ça existe déjà pour la viande artificielle mais cette fois il s’agit de poisson cultivé à partir de cellules-souches de saumon sauvage. Alors êtes-vous prêts à consommer des sushis in vitro ?
  • C’est un des poissons les plus consommés au monde et, revers de la médaille, il est aussi l’un des plus menacés dans la nature. Pour WWF la consommation mondiale de saumons sauvages d'Atlantique Nord a triplé en quarante ans et en même temps sa population a diminué de moitié entre 1983 et 2016. C’est aussi le constat de CNN dans son édition numérique présentant la start-up californienne Wildtype qui travaille depuis 2016 sur un projet de saumon artificiel. « Si nous continuons sur cette trajectoire, d'ici 2030, nous pourrions passer un point de non-retour pour beaucoup de ces espèces de poissons », déclare Justin Kolbeck, co-fondateur de l’entreprise. « J'ai des enfants et je ne veux pas leur céder un monde moins riche en biodiversité et moins riche que celui dont nous avons hérité, surtout quand nous avons des outils à notre disposition pour y remédier. »

    Du saumon fabriqué en laboratoire

    Ce poisson artificiel est cultivé en laboratoire à partir de cellules-souches extraites d'œufs de saumon sauvage et ressemble en tout point à celui pêché dans l’océan avec une couleur rose parsemée de filaments blancs. « Il est assez facile d'utiliser des plantes pour reconstituer des produits hachés, mais il est très difficile d'obtenir des produits entiers, comme ceux que l'on trouve dans les restaurants de sushi », explique Justin Kolbeck. Le saumon Wildtype, sans antibiotiques ni métaux lourds ni micro plastiques, se fabrique en cinq semaines alors qu'il faut entre deux et trois ans pour élever un saumon mature dans des fermes aquacoles très dangereuses pour l’écosystème.

    En tous cas Hollywood y croit. Wildtype qui a levé 100 millions de dollars en février 2022, est soutenue par l'acteur Leonardo DiCaprio, connu pour son engagement environnemental. Même si le saumon in vitro n’a pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché de la FDA, l'administration américaine qui régule les denrées alimentaires et les médicaments. Une fois le sésame obtenu, il faudra que le produit soit accepté par les consommateurs.

    « Le marché des protéines cultivées s'est rapidement développé au cours des cinq dernières années. Notamment avec des marques qui proposent de la viande pour hamburgers et saucisses à base de plantes qui ressemblent et ont le goût de la vraie viande. Mais le filet de poisson « structuré » aura un taux d'acceptation beaucoup plus élevé qu'un produit haché. Les gens voudront une précision extrême dans ces produits », affirme Kate Krueger, biologiste cellulaire et PDG d’une société de conseil en produits alimentaires innovants. « Les produits structurés sont le Saint Graal dans ce marché. »

    Wildtype n’est pas la seule start-up à investir le marché de la production de protéines en laboratoire à partir de cellules-souches. En Israël, Aleph a réussi la culture in vitro de viande de bœuf. Plus étonnant, en région parisienne, depuis 3 ans, Gourmey tente de mettre au point du... foie gras à partir de cellule-souche de canard.

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