main tenant deux huitres

Est-ce qu'on pourra encore manger des huîtres dans 20 ans ?

La hausse des températures et l’acidification des océans qui résultent du réchauffement climatique menacent les cultures de coquillages, en particulier les moules et les huîtres.
  • Imagine-t-on un monde où les moules-frites n’existent plus ? Où pas une seule huître ne serait ouverte un soir de Saint-Sylvestre, ou pour accompagner les crustacés du dimanche midi ? S’il y a des choses bien plus graves que la disparition de ces plaisirs gastronomiques, cela reste malgré tout un pan de notre tradition culinaire qui est aujourd’hui menacé par le changement climatique. Car, oui, les huîtres et les moules pourraient bien ne pas survivre au réchauffement des océans. 

    Nous avons souvent l’habitude de parler de la probable disparition des coraux dans les prochaines années, mais il faut savoir que la crise climatique pourrait aussi menacer de nombreuses espèces sous-marines. Les coquillages et leur culture en font partie. C’est en tout cas ce qui ressort de recherches récentes menées par des scientifiques français de l’Ifremer.

    plat de moules

    Et selon les chercheurs, c'est la hausse du pH des océans au niveau des côtes françaises qui pourrait fragiliser, à terme, les cultures de moules et d’huîtres. Ce qu’il se passe concrètement, c’est que l’excès de CO2 dans l’eau de mer provoque une diminution de sa concentration en carbonate de calcium. Or, cet élément chimique est essentiel aux mollusques qui l’utilisent pour construire leurs coquilles. 

    Ce que les scientifiques ont observé, quand le pH de l’eau passe en dessous des 7,6, c’est que les coquilles de huîtres deviennent plus légères et moins épaisses. Elles sont ainsi plus vulnérables aux chocs et aux prédateurs. À terme, si l’acidification se poursuit, cela pourrait même nuire à la survie réelle de l’espèce. 

    Un problème d’autant plus sérieux que le réchauffement et l’acidification de l’eau favorisent aussi le développement de certaines algues toxiques pour les coquillages et pour les humains. Rien de bon pour la filière. 

    culture d'huitres sur le bassin d'arcachon

    La France est le second producteur européen d'huîtres et moules, comme ici dans le bassin d'Arcachon


    Des solutions à base de déchets de coquillages 

    Évidemment, le sujet inquiète les conchyliculteurs car c’est toute une filière qui est donc menacée par le réchauffement climatique. La France est le second producteur européen de coquillages. L’ostréiculture, avec près de 2 654 entreprises, produit 130 000 tonnes d’huîtres en moyenne chaque année. Et les éleveurs de moules ne sont pas en reste, avec près de 65 000 tonnes de moules produites chaque année sur nos côtes. 

    Alors, pour éviter que nous manquions de ces délicieux coquillages à l’avenir, les scientifiques cherchent des solutions pour lutter contre l’acidification de l’eau près des côtes. La solution consisterait à changer notre mode de culture qui pourraient se faire plus loin des côtes dans des infrastructures dédiées. Les chercheurs testent aussi la manière dont les déchets de coquillages peuvent contribuer à rendre l’eau plus alcaline pour remédier à ce problème. De quoi savourer encore davantage ces produits de la mer tant qu’il en est encore temps ? 

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