A 21 ans, elle veut sauver les plages de Cornouailles de la pollution plastique

Ambassadrice française de l'initiative "développement durable" de l’ONU, la mission Energy Observer met en lumière des solutions originales pour la planète. Cette semaine, on suit deux "guerrières" décidées à faire évoluer les mentalités. L'une est anglaise et a déclaré la guerre au plastique sur les plages. L'autre, originaire de Malte, sensibilise les habitants de son pays à l'importance des abeilles.

"Plastic Elimination Warriors". Le terme de cette semaine serait allé comme un gant à Pat Smith. Fin décembre, nous brossions le portrait dans Les Éclaireurs de The Final Straw, association d'une super-mamie de 70 ans qui luttait sans relâche pour en finir avec les déchets plastiques polluant les plages et détruisant la vie marine en Cornouailles. Sur ce même sujet, réellement préoccupant car exponentiel, on reste cette semaine dans ce magnifique comté sauvage situé à l'extrémité sud-ouest de l'Angleterre (par ailleurs première région à avoir déclaré un état d’urgence climatique dans le pays), afin de suivre une "warrior" de la même trempe.

La valeur n'attend point le nombre des années : les explorateurs de la mission Energy Observer, mandatée par l’Organisation des Nations Unies, ont ainsi rencontré Emily Stevenson, 21 ans et déjà "guerrière de l’élimination du plastique" (selon le terme attribué par la presse anglaise), qui s’est donnée pour objectif de nettoyer sa belle région, victime de son succès. "À onze ans, elle avait été marquée lorsque, pendant un projet artistique, elle s’était rendue avec sa classe sur une plage pour récupérer des déchets et en faire des objets d’art", explique Energy Observer.

En toute logique, elle monte en 2017 (avec l'aide de son père) le projet Beach Guardian. Il s’agit d’une association qui organise des maraudes citoyennes "pour ramasser et trier les déchets plastiques". Dans la vidéo ci-dessus, on aperçoit les ateliers de sensibilisation créés à la suite de ces tristes collectes, des ateliers voués à éduquer et revaloriser les tonnes de déchets trouvées sur les nombreuses plages de la région. Les enfants des écoles alentour viennent donc se rendre compte de l'ampleur de cette pollution, tandis qu'artistes et ingénieurs profitent de l'opportunité pour créer des œuvres ou recycler les matières premières.

Energy Observer rappelle que "chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique sont déversées dans nos océans. Le plastique que nous utilisons quotidiennement est souvent à usage unique, et moins de 10% est correctement recyclé". Comme le montre Emily, il est donc possible de retrouver aujourd’hui sur les plages d’Angleterre "des fossiles des temps modernes : les plastiglomérats". "Ce sont des agglomérats de plastique prenant la forme de pierres sur la plage par effet d’encroûtement", souligne-t-elle, dépitée. Face à ces régulières marées de plastique, son combat (et celui de Pat Smith) ne fait donc que commencer.

Sur l’île de Malte, Bee Aware reconnecte les abeilles et les hommes

Premières victimes des pesticides, les abeilles sont menacées d’extinction en Europe (avec un taux de mortalité atteignant 80 % dans certaines ruches). 40% des colonies ont ainsi été détruites en dix ans sur notre continent. Et l’archipel de Malte, malgré sa relative isolation, n’est pas épargné par cette véritable hécatombe. Du coup, les initiatives citoyennes se multiplient. Melita Bees, par exemple : un élevage de reines d'abeilles, que l’on expédie ensuite vers le nord de l'Europe.

Cependant, les Maltais ont aussi besoin de solutions locales, afin de préserver la présence de pollinisatrices sur leur sol. C’est pourquoi les aventuriers de la mission Energy Observer sont partis à la rencontre de l’association Friends of Earth. Avec son programme BeeAware, elle sensibilise les habitants de l'île à la cause des abeilles, notamment "en les formant à leur préservation et à l’apiculture".

"Sur l’île de Malte, l’apiculture existe depuis l’Antiquité, mais elle y est aujourd’hui aussi menacée." Une autre guerrière, Michelle Galea, s’anime lorsqu’elle évoque la préservation de ses hyménoptères chéries. "L’enjeu de ce cours, c’est de susciter une prise de conscience", explique-t-elle. L’association organise ainsi des formations en apiculture durable. "Les jeunes citoyens se familiarisent avec ces insectes, ils décodent leurs comportements, comprennent leur fonctionnement et surtout prennent conscience de leur impact fondamental sur les cultures."

Au fond, Emily Stevenson et Michelle Galea, en dépit de leur jeune âge, ont fait un constat simple : "L’Homme n’est pas seul sur la planète, il fait partie et participe à un écosystème complexe", résume Michelle. Il nous faut donc réapprendre sans cesse cette vérité oubliée.

Premier ambassadeur français des Objectifs de Développement Durable de l’ONU, la mission Energy Observer sensibilise aux solutions innovantes avec son bien-nommé projet "Solutions". Mais Energy Observer, c’est avant tout le nom du premier navire autonome en énergie, à la fois plaidoyer et laboratoire de la transition écologique. Toutes les informations sur le projet sont à découvrir ici.

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