2021 M09 21
L’agriculture conventionnelle, celle qu’on connaît depuis la fin de la seconde guerre mondiale, est un modèle qui a atteint, voire dépassé ses limites depuis longtemps.
En créant d’immenses parcelles pour favoriser l’action des engins mécaniques, en spécialisant les champs sur des monocultures et en ayant recours de manière abusive à des intrants de synthèse (pesticides, insecticides), ce modèle agricole favorise l’érosion de la biodiversité et la perte de fertilité des sols. Il n’est donc pas soutenable pour la planète.
En parallèle, l’agriculture bio se développe à grande vitesse depuis les années 1990 et fait aujourd’hui partie intégrante du quotidien des français. En 2020, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques et 13% en consomment tous les jours. Toutes les enseignes proposent désormais des rayons bio. Le marché progresse en moyenne de 10% par an et la part de la surface agricole de la France qui est cultivée en bio ne cesse d’augmenter. Ce qui fait de l'hexagone le premier pays d’Europe en m2 cultivés en bio.
La vie est-elle vraiment plus belle en bio ?
Les consommateurs se tournent principalement vers le bio pour préserver leur santé, l’environnement ou encore pour la qualité supérieure des produits. Pour cause, un produit bio a une valeur perçue nettement plus élevée qu’un produit issu de l’agriculture conventionnelle. On les estime meilleurs pour la santé, plus sains d’un point de vue nutritionnel et meilleurs pour l’environnement.
Mais comme toujours, ça n’est pas si simple que cela. Par exemple, un jambon blanc bio pourra tout à fait contenir un conservateur comme le nitrite de sodium, qui est un additif évalué comme cancérigène par l’OMS. À l’inverse, on peut retrouver des jambons non-bio qui ne contiennent pas de nitrites.
Idem pour l’aspect nutritionnel ou environnemental. Si l’utilisation de produits chimiques en agriculture biologique est limitée, certains produits bio sont importés de loin. En France, on importe au moins 20% de nos aliments bio. Dans ces cas-là, les fruits et légumes sont récoltés bien avant d’arriver à maturité et sont donc moins riches en vitamines et nutriments.
Sans compter leur empreinte carbone qui explose car transporter des champignons bio de Pologne ou des tomates bio d’Espagne n’est pas sans impact environnemental.
« D'après l'agence Bio, 80% des français envisagent de maintenir leur consommation de produits bio, et 11% envisagent d'augmenter la part de bio dans leur alimentation. »
Quelles alternatives pour une alimentation responsable ?
Ce qui est compliqué pour nous, c’est donc de faire la différence entre le bio “greenwashé” et le véritable bio, c’est-à-dire celui qui est bon pour la planète et la santé. Celui-là, c’est le produit bio qui pousse près de chez nous, dans un rayon acceptable de quelques centaines de kilomètres au maximum, celui qui respecte la saisonnalité, qui n’a pas été transformé et qui est idéalement vendu en circuit-court.
Le plus important est donc de se renseigner à minima sur la provenance de nos aliments. Car même dans les épiceries bio, on retrouve parfois des produits qui viennent d’Asie ou du Moyen-Orient, par exemple, et qui ont donc un bilan carbone très élevé. D’autant que la réglementation n’est pas la même partout. En Espagne, par exemple, des tomates qui poussent l’hiver sous serre chauffée (empreinte carbone super élevée) peuvent être caractérisées comme bio alors que ce n’est pas le cas en France.
La chance que nous avons, c’est que ces sujets sont en train de s’améliorer et que de plus en plus de pays s’emparent de la question. Il est donc probable que demain, nous puissions tous manger de meilleurs aliments.