2023 M03 17
On les appelle les légumineuses ou légumes secs (parce qu’elles appartiennent à un sous-groupe de la famille des légumes). Mais leur petit nom savant est « les protéagineuses », car elles sont riches en protéines. Et il en existe… 12 000 espèces dans le monde ! Au final, seules 80 espèces environ finissent dans nos assiettes. Vous en connaissez certaines : haricots (rouges, blancs, noirs, azuki, mung…), pois (cassés, chiches…), lentilles (vertes, brunes, noires, corail, chateau…) fèves, soja, lupins...
Les légumineuses, les insectes et les aliments fermentés s'exposent au Salon de l'Agriculturehttps://t.co/iRRKU2Nbnb
— franceinfo (@franceinfo) February 24, 2023
Délaissées ces dernières décennies – leur consommation a été divisée par 4 en 20 ans – à cause de nos habitudes carnées et de notre flemme de les faire tremper plusieurs heures avant la cuisson, elles reviennent en force depuis quelques années. C’est une bonne nouvelle, car les légumineuses vont nous offrir un meilleur avenir pour trois raisons :
1. Elles sont bonnes pour la santé… mais VRAIMENT bonne pour la santé !
Les légumes secs possèdent une haute teneur en fibre et sont riches en vitamines et minéraux. Elles sont faibles en graisse et constituent donc l’alliée des diabétiques ou des personnes qui veulent surveiller leur poids. Leur mauvaise réputation (elles provoqueraient une digestion difficile) est injuste : il suffit de bien les laisser tremper longtemps dans l’eau avant de les cuire et d’en manger plus souvent. N’importe quel plat vous donnerait des gaz si vous n’en mangez que tous les trente-six du mois !
Alors oui, les légumineuses contiennent moins de protéines que la viande : 8 grammes pour 100 grammes de légumineuse contre 20 pour 100 d’entrecôte. C’est pour cela qu’on lui adjoint une céréale afin d’obtenir le même apport en protéines que sa sole meunière ou son steak trop cuit. D’ailleurs, on retrouve cette complémentarité légumineuse/céréales chez tous les peuples et dans toutes les époques : pois chiches/couscous en Afrique du nord, haricot/soupe de pâte en Italie, falafel/pain pita au Liban, dahl/chapatis en Indes, fèves/pain de maïs aux USA, etc.
2. Elles sont bonnes pour le corps… et pour la planète aussi !
D’abord, les légumes secs ont besoin de moins d’eau pour pousser que les autres cultures. Une fois en terre, les légumineuses améliorent la santé des sols en fixant l’azote atmosphérique indispensable aux plantes. Des pois-chiches (ou autre légume sec) cultivés en rotation dans un champ auront l’effet d’un super fertilisant naturel. Après leur passage, la culture suivante poussera du feu de Dieu. Après avoir comptabilisé 12 000 échantillons à travers 53 pays dans le monde, les scientifiques ont chiffré une amélioration des rendements de 20 % (source) des cultures principales (blé, riz, maïs) en utilisant les légumineuses en culture intermédiaire.
Les légumes secs offrent des économies d’espace pour l’agriculture : il faut 5 à 15 fois moins de surface pour produire la même quantité de protéines sous forme animale que sous forme végétale, comme le rappellent les auteurs du livre Les Protéines végétales.
3. Elles permettront la fin de la faim dans le monde.
La sécurité alimentaire mondiale s’obtiendra grâce aux légumineuses. D’abord parce qu’elles se conservent longtemps sans perdre leur propriété nutritionnelle. Pas besoin de frigo ou de congélo pour les garder. Aussi parce qu’elles peuvent être cultivées là où le blé, le riz ou le maïs ne réussissent pas à pousser.
Moins chères que la viande ou le poisson, les légumineuses sont une culture qui peut être vendue et surtout consommée par celui ou celle qui la produit, à la différence du soja destiné à l’alimentation des animaux d’élevage; par exemple. Comme l’explique l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture :
« Sur le plan économique, le secteur mondial des légumineuses s’avère être un moteur qui favorise la résilience des chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales. »
Au regard de ces 3 points, les légumineuses n’ont pas volé leur surnom de « graines d’avenir ». En France, nous consommons 1,42 kilo de légumes secs par an et par habitant, contre… 85 kilos de viande ! On espère donc que la lecture de cet article fera remonter votre moyenne annuelle de lentilles vertes du Puy, de mojettes et de lentillons de Champagne.