Et si on mangeait des algues pour sauver la planète ?

Elles ne nécessitent ni surface agricole, ni eau douce, ni engrais chimiques et elles sont riches en protéines, vitamines et minéraux. Autant de bonnes raisons pour les placer dès maintenant dans votre assiette.
  • De nombreux pays d’Asie – dont le Japon, la Chine ou l’Indonésie – ont depuis des millénaires intégré l’algue à leurs régimes alimentaires. En France, on la connaît mal. Elle souffre même d’une mauvaise image en raison des fréquents épisodes de « marées vertes ». Mais ces importants dépôts d’algues qui recouvrent les plages sont principalement causés par les nitrates de l’agriculture intensive. Dans nos assiettes, elle se fait plutôt rare, à l’exception du nori – l'algue noire autour des makis. L'heure est donc venue de revaloriser l’algue.

    Super-pouvoirs

    Dans son petit ouvrage Les algues, dix façons de les préparer, la journaliste spécialisée dans l’environnement, Nathaly Ianniello, rappelle les bienfaits de ce légume de la mer :

    « Elles poussent sans énergie ni eau, et sans recours à des intrants chimiques. Riches en vitamines, fibres, protéines et oligo-éléments indispensables à notre santé, elles peuvent nourrir les populations et éviter la stérilisation des sols tout en captant le CO2. »

    L’autre avantage, c'est qu’elle pousse très rapidement : 1 hectare de champ de colza produit 1 tonne de biomasse par an, tandis qu’en algoculture 1 hectare donne 20 tonnes de biomasse par an. De quoi lutter plus efficacement contre la faim dans le monde.

    À toutes les sauces

    Crue en salade, en papillote au four, en raviole ou bouillie dans l'eau, en flocon, en paillette ou en poudre, en pâte, en soupe ou en thé... L’algue se décline presque à l’infini. Elle existe même en bières. Si le kombu, l’aonori, la dulse, le fucus ou le haricot de mer n’évoquent rien pour vous, parions que dans quelques années vous serez familier de ces différentes espèces. Thierry Duizet, producteur d’algues alimentaires en Bretagne, vante leurs mérites :

    « Il n'y a pas de graisse. C’est très peu calorique. C’est un cocktail assez intéressant qui peut nous apporter un équilibre alimentaire si on avait un peu d’algue dans notre alimentation. »

    L'algue, elle n’est pas seulement bonne pour nos estomacs d’humain : des études ont prouvé que quelques grammes dans l’alimentation des bovins entraînent une diminution jusqu'à 70% du volume de méthane rejeté par leurs gaz – source conséquente de gaz à effet de serre.

    Rendre l’algue plus sexy

    En juin 2020, l’ONU a publié un Manifeste pour une révolution algale. Le texte plaide pour une culture de « grande ampleur », mais surtout « responsable », « durable » et « réparatrice ». L’idée est de ne pas tomber dans les travers de l'agriculture intensive et mortifère de ces 100 dernières années. Dans Révolution Énergétique, le biologiste Carlos Duarte énonce les objectifs à atteindre :

    « Actuellement, les fermes d’algues s’étalent sur environ 2000 kilomètres carrés alors que 60 millions de kilomètres carrés de terres sont consacrés à la production alimentaire. Nous estimons qu’environ 4 millions de kilomètres carrés dans les mers et sur les rivages pourraient être consacrés à l’aquaculture des algues tout en produisant des impacts positifs sur le milieu marin. »

    Mais le scientifique regrette que les cadres réglementaires dans les pays occidentaux ne favorisent pas plus le développement de la culture d’algues :

    « Dans certains pays, il est plus facile d’obtenir une concession pour des forages offshore de pétrole et de gaz que pour une ferme d’algues. Créer un environnement réglementaire plus convivial qui encourage l’élevage d’algues sera essentiel pour réaliser son potentiel. »

    De son côté, la France semble avoir un train de retard puisque sur les 145 espèces d'algues consommées dans le monde, seulement 24 sont autorisées à la vente. Au regard de ce que vous venez de lire, on attend impatiemment la nouvelle vague, verte.

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