2021 M11 22
La Corée du Sud, le Japon, la Suisse et l’Allemagne ont quelque chose en commun. Dans ces pays, il existe une pratique en matière de gestion des déchets qui fonctionne sur le principe du pollueur-payeur. En clair, chaque ménage paie une taxe pour l’enlèvement des poubelles… basée sur le poids des déchets. Ceux qui sont en mode zéro-déchet ne paient donc presque rien. À l’inverse, les gros consommateurs d’emballages jetables sont davantage pénalisés.
Alors, solution miracle ou solution injuste ? En tout cas, cela pourrait être un levier formidable pour améliorer la pratique du tri à la maison. En France, l’organisme chargé de la gestion des déchets - Citeo - estime que la moitié des ménages, au moins, ne trie pas systématiquement ses déchets d'emballage. Pire, 12 % des ménages français ne trient jamais. Et dans ces conditions, difficile de faire progresser l’économie circulaire et d’amener les français.es vers le zéro-déchet.
C’est à partir de ce constat qu’est né le concept de la tarification incitative. En faisant payer l’enlèvement des poubelles en fonction du poids de celles-ci, on peut accélérer la transition vers des pratiques durables. Et si cela fonctionne déjà à l’étranger, en France, le sujet a mis du temps à arriver sur la table. Prévue par le Grenelle de l’Environnement en 2007, votée en 2014, et applicable à compter de l’année 2019, la tarification incitative est actuellement testée par 32% des communes françaises. Soit environ 5 millions de personnes.
La tarification incitative s’est heurtée à de nombreuses résistances qui expliquent notre relatif retard sur sa mise en œuvre. Les Français ont été méfiants au départ : allait-on mettre une puce-espion dans chaque conteneur pour surveiller la consommation des ménages ? Y aurait-il une police des déchets ? N’allait-on pas générer des mauvaises pratiques consistant à balancer ses ordures chez le voisin pour payer moins ?
Des questions légitimes qui ont donc poussé les pouvoirs publics à proposer un test de la mesure dans des communes volontaires, avec un accompagnement de l’Ademe (l’Agence de la Transition Écologique). Et dans les faits, la tarification incitative a des résultats super intéressants : dans les communes volontaires, on constate en moyenne une amélioration du tri de +30% pour les poubelles jaunes, et de +12% pour le verre.
« En France, le coût moyen de l’enlèvement des ordures est de 93€ par an par habitant. »
Vers d’autres systèmes incitatifs ?
La question des mécanismes permettant de réduire le recours aux emballages jetables est un serpent de mer de l’économie circulaire. Récemment, d’autres sujets similaires ont été proposés, comme, par exemple, le retour de la consigne pour réemploi. Un système qu’on retrouve dans de nombreux pays (notamment l’Allemagne) et qui existait en France il y a encore quelques dizaines d’années. Le principe de la consigne pour réemploi est lui aussi simple et efficace : mettre en place une taxe sur chaque bouteille neuve, qui est remboursée si on la rapporte après consommation aux points de collecte prévus à cet effet.
D’autres systèmes incitatifs basés sur la récompense existent aussi. C’est par exemple ce que propose la startup Yoyo, qui récompense les gestes de tri par des points que l’on peut ensuite convertir en bons d’achat. En clair, plus vous collectez des emballages en plastique, et plus vous pouvez gagner. Alors que débute la Semaine Européenne de Réduction des Déchets, rappelons tout de même que le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. Et pour cela, de nouveaux comportements sont encore à généraliser : le compost pour les biodéchets et le recours au vrac pour réduire les emballages alimentaires.