Simon Kofe, îles Tuvalu

Faut-il obliger les pays riches à rémunérer les pays du Sud pour les dommages liés au climat ?

Les discussions de la COP27 qui vient de se terminer ont beaucoup tourné autour d’une problématique : le financement des pertes et dommages. C’est-à-dire la compensation par les pays riches des dégâts irréversibles que le réchauffement climatique impose aux pays pauvres.
  • Les pays qui souffrent le plus du réchauffement climatique sont généralement ceux qui y contribuent le moins et qui n'ont pas l'argent pour faire face aux dégâts que cela cause. Une injustice palpable en particulier pour les petits États insulaires de l’océan Pacifique, à l’image des îles Tuvalu, qui sont directement menacés par la montée des eaux. 

    De nombreux pays font ainsi face à des dommages liés au réchauffement climatique qui posent d’importants problèmes économiques et sanitaires. Les inondations de cet été au Pakistan ont par exemple endommagé plus de deux millions d'habitations et entraîné la mort de plus d’un million d’animaux. Des élevages entiers ont été décimés, et plus de 7 millions de personnes ont dû quitter leurs habitations. Au total, le coût provisoire de la catastrophe s'élèverait à plus de 30 milliards de dollars. 

    En parallèle, les pays occidentaux, dont l’industrialisation et le rôle dans la mise en œuvre de la mondialisation sont directement responsables du réchauffement climatique, bénéficient de richesses, d’infrastructures et de systèmes d’assurances beaucoup plus robustes et résilients vis-à-vis du climat qui leur permettent de faire face à ce genre d’aléas. Mais ça n’est pas le cas des pays en développement. 

    Et pour cette raison, les pays qui polluent le moins demandent aux pays riches une aide financière pour compenser les pertes et dommages. 

    inondations

    Les pertes et dommages, de quoi s’agit-il ? 

    Le terme fait partie de l’accord de Paris signé en 2015, il désigne les dégâts irréversibles causés par le dérèglement climatique. Mais sa prise en compte dans les mécanismes de financement de la transition écologique fait débat. Aujourd’hui, il existe plusieurs aides financières dédiées au climat, mais elles concernent surtout les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (on parle d’atténuation) ou le financement des mesures pour se protéger contre les impacts du réchauffement (on parle d’adaptation). 

    En revanche, rien n’est vraiment prévu pour compenser les dommages irréversibles créés par le réchauffement climatique au sein des pays en développement. Pourtant, le sujet n’est pas neutre car, selon les projections, les coûts des pertes et dommages sont estimés entre 290 et 580 milliards de dollars par an dans les pays en développement d’ici à 2030, et jusqu’à 1 700 milliards en 2050.

    affiche manifestation pro-climat

    Des progrès lors de la COP27

    Pourtant, les pays du G7 ont toujours été réticents au fait de rémunérer les pertes et dommages, craignant d'être tenus légalement responsables de leurs contributions historiques au changement climatique. Cependant, les choses sont en train de changer. 

    En débloquant une aide directe de 13M€ à destination des pays en développement les plus touchés par les effets du réchauffement climatique, le Danemark est devenu récemment le premier pays "riche" à accepter de compenser les pertes et dommages. 

    Plus récemment encore, l’accord final de la COP27 a permis une avancée majeure sur ce sujet en actant la création d'un "fonds de réponse aux pertes et dommages". Il devrait bénéficier à tous les pays en développement mais être orienté d’abord vers les pays les plus vulnérables. Ses modalités de mise en place devront être élaborées par un comité spécial pour adoption à la prochaine COP28. 

    En parallèle, les pays du G7 ont également annoncé le lancement du “Bouclier mondial contre les risques climatiques”. Doté de 210 millions d’euros, ce bouclier bénéficiera à un premier groupe de pays incluant le Bangladesh, le Costa Rica, les îles Fidji, le Ghana, le Pakistan, les Philippines et le Sénégal. De premières étapes importantes pour apporter un peu plus d’égalité dans la gestion de la crise climatique à l’international. 

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