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Grâce à la technologie, l’espionnage écologique va t’il se démocratiser à l’avenir ?

Utilisés depuis des décennies pour aider les météorologues à affiner leurs prévisions, les satellites commencent à être utilisés pour identifier et traquer les sources de pollution sur la planète. Un "espionnage" écologique qui pourrait se démocratiser dans les années à venir
  • Avez-vous déjà entendu parler d’espionnage écologique ? C’est un terme qui est apparu récemment quand le MI6 britannique, l’équivalent de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) en France – et accessoirement le secret service qui emploie l’agent 007 – a annoncé que ses agents allaient désormais traquer la pollution environnementale pour voir si les autres pays tiennent leurs engagements en matière de changement climatique. 

    Une mission originale loin d’être anodine étant donné les enjeux géopolitiques et économiques qui sont liés au réchauffement climatique. En France, on ne sait pas si nos espions travaillent aussi sur l’écologie, mais le Ministère des Armées, par exemple, a mis en place un observatoire des enjeux géopolitiques des changements climatiques pour se préparer aux différents conflits qui émanent de ces enjeux. 

    Et plus récemment encore, cette notion d’espionnage écologique et de “police environnementale” a pris davantage d’ampleur grâce à l’usage des satellites et de l’intelligence artificielle, qui permettent de détecter depuis l'espace des sources de pollution. 

    décharge plastique

    Des satellites pour traquer les décharges illégales

    Ainsi, des scientifiques américains ont par exemple annoncé qu’ils utilisaient depuis peu les données des satellites Sentinel-2 de l'Agence spatiale européenne, ainsi que des technologies de reconnaissance d’images et d’intelligence artificielle, afin de détecter, depuis l’espace, la signature visuelle des décharges illégales de plastiques. Un projet baptisé Global Plastic Watch. 

    Cette “police anti-plastique” n’en est qu’à ses débuts, mais elle s’avère déjà très efficace. Testé en Indonésie, le modèle à permis d’identifier 374 décharges, soit deux fois plus que celles qui sont officiellement recensées. Et en l’étendant à toute l’Asie du Sud-Est, il en a recensé plus de mille, dont au moins 20% sont situées à proximité immédiate d'un cours d'eau. 

    Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’un projet scientifique a recours aux satellites de l’ESA pour traquer les pollutions. En France, cela fait quelques années que l’agence européenne et l’entreprise Karryos travaillent à cartographier les fuites de méthane à travers le monde. En se basant sur les données de leurs satellites, ils ont réussi à dénicher une centaine d’endroits à travers le monde qui émettent des quantités anormalement élevées de méthane - un gaz à effet de serre très puissant. 

    carte des pollutions

    Carte des fuites de méthane détectées par satellite 

    Mettre des satellites en orbite autour de la terre, ça pollue aussi non ? 

    Évidemment, la conception et la mise sur orbite de satellites ne sont pas des opérations neutres en carbone et on peut se demander s’il est véritablement pertinent d’utiliser cette toute cette énergie pour envoyer des “joujous” dans l’espace. 

    Mais en même temps, ces données sont très utiles pour visualiser l’ampleur du réchauffement climatique et aider les scientifiques à affiner leurs modèles. Elles pourraient également permettre de mieux réguler la pollution à travers le monde. “Pour les gouvernements et les régulateurs, cette technologie va faciliter la prise de décisions sur les politiques énergétiques” précise ainsi Josef Aschbacher, directeur des programmes d’observation de la Terre de l’ESA. 

    Des avantages qui pourraient donc justifier de continuer de recourir à la technologie pour développer l'espionnage écologique à l'avenir. 

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