2021 M04 20
La famine dans le monde est un fléau loin d’être sous contrôle. Selon l’ONG Action Contre La Faim, la malnutrition frappe 690 millions de personnes, soit 8,9 % de la population mondiale. Un chiffre hélas en hausse. Le secrétaire général de l’ONU a fait savoir en mars que « les chocs climatiques et la pandémie de Covid-19 » vont encore intensifier cet état de fait. Les causes sont multiples. On pourrait autant évoquer les retards techniques de nombreuses petites exploitations traditionnelles que les conflits géo-politiques et les ravages du climat, mais aussi les difficultés d’approvisionnement de certaines régions (ou leurs coûts prohibitifs).
Heureusement, de nombreuses ONG se battent pour comprendre ce qui génère et maintient de telles situations, et les combattre. Alors pour y voir plus clair, des chercheurs se sont attelés à tenter de disséquer des centaines d’études et trouver des motifs communs afin d’envisager une action plus large. Et pour gagner un temps précieux, ils se sont tournés vers l’intelligence artificielle.
Passer notre labeur à la machine, faites bouillir
Une équipe internationale de 77 chercheurs réunissant des sociologues, des économistes et diverses spécialités dont la climatologie et l’agronomie s’est réunit au sein de l’initiative CERES 2030. « Nous sommes tous bombardés d’ informations de recherche et la question que nous devons nous poser est comment prendre des décisions à partir de toutes ces informations ? » a résumé la chercheuse Jaron Porciello, en charge de CERES 2030.
Ils ont réuni près de 500 000 études publiées de par le monde et les ont confié à un programme spécifique nommé Persephone : un algorithme de machine learning. Ce système auto-apprenant les a compulsé, digéré et a tiré des conclusions qu’il a remis aux chercheurs. Ce travail qui aurait mobilisé un service entier pendant des mois, lui a pris... une seule semaine.
"Ceres2030 is a great step in the right direction" said #BillGates during our October, 2020 launch while referring to the need to deploy #innovations that make #agriculture more resilient to #climatechange.
— Ceres2030: Sustainable Solutions to End Hunger (@Ceres2030) March 11, 2021
📺https://t.co/AprapcuKLp via @YouTube #Endinghundersustainably
Good news : les solutions existent déjà
De cette étude ont été tirés une dizaine d’articles scientifiques tous condensés sous le titre « Sustainable Solutions to End Hunger » (« Des solutions durables pour en finir avec la faim »). Premier constat fait par l’intelligence artificielle, le manque d’éducation et de vulgarisation qui pourrait aider les agriculteurs à faire face au dérèglement climatique et maintenir une production d’année en année. Un exemple précis : sur la totalité des articles scrutés par l’étude, seulement 6 (donc 0,02% des recherches) évoquaient le fait d’adapter les façons d’alimenter le bétail tenant compte de leurs besoin nutritifs et du manque actuel de nourriture.
Autre constat, les dons et investissements privés méritent d’être mieux dirigés sur des points précis. A l’éducation s’ajoute des besoins techniques, notamment des réseaux de données consultables aisément (par exemple par téléphone) pour connaître les prévisions météorologiques. Toutefois l’étude globale de l’IA confirme dans sa conclusion que le combat contre la famine nécessite plus d'argent. Beaucoup plus : il manque 27,45 millions d'euros par an.
📢Executive Director @GAINalliance @l_haddad cites Ceres2030 study in article by @daphneewingchow via @forbes "with an extra $33 billion a year of investment [...] until 2030, we can reduce hunger numbers from 690 million to less than 200 million." 🌽👩🏽🌾🌏https://t.co/1QGQNueWHK
— Ceres2030: Sustainable Solutions to End Hunger (@Ceres2030) March 10, 2021
Avec ou sans robot, l'homme est responsable de la famine
Bilan de l’opération, l’intelligence artificielle a fait gagner de nombreux mois de recherche. Ce sont les actions qui manquent. Face à l'accroissement de la famine en 2020, l’ONU a lancé une mobilisation pour rassembler « 5,5 milliards de dollars de ressources ». Mais son secrétaire général a tapé du poing : « Mon message est simple : si vous ne nourrissez pas les gens, vous alimentez les conflits ». En d’autres termes, la famine et la malnutrition ne sont plus une question de pénurie de nourriture. Elles sont en grande partie fabriquées par l’homme. C’est lui qui affame des régions pour des raisons politiques, par refus de vendre à perte, ou en laissant le dérèglement climatique engendrer sécheresses et pluies destructrices.
Heureusement, comme le rappelle Nigel Timmins, directeur de l’ONG Oxfam, nous avons les moyens de résoudre cette crise alimentaire : « Une famine ne survient pas subitement et sans crier gare. Elle fait suite à des mois de procrastination et de mises en garde ignorées. » Une jeune Suédoise a réussi à faire marcher le monde entier pour sauver le climat ; qui se lèvera pour nourrir 10% du monde ?