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La France veut interdire la promo de la chirurgie esthétique par les influenceurs

Ce coup de bistouri juridique est débattu ces jours-ci par les parlementaires afin de mieux encadrer les influenceurs, autant pour leur éviter d’arnaquer leurs abonnés que de manipuler les plus jeunes.
  • Ils sont devenus les poules aux œufs d’or du web. Les influenceurs créent des contenus (généralement des vidéos) regardés par des millions de spectateurs, ce qui leur permet de générer de petites fortunes qui passent parfois un peu trop sous les radars. En janvier, une enquête de la Direction générale de la concurrence (DGCCRF) montrait que 6 influenceurs sur 10 ne « respectaient pas la réglementation sur la publicité et les droits des consommateurs ». Ce qui a amené des députés à déposer un projet de loi pour encadrer cette activité exercée par près de 150 000 Français (pas tous à temps plein).

    Si le texte des députés vise surtout à créer un statut légal mieux défini pour ces créateurs de contenus, afin de limiter les dérives (dont les contrats oraux et le travail des mineurs), il va aussi interdire la promotion de certains produits et services. Parmi ceux-ci, certains placements financiers douteux, des produits pharmaceutiques potentiellement dangereux et, surtout : la chirurgie esthétique.

    Trancher dans le vif

    Dans le détail, le projet des députés s’attaque aux contenus incitant à "la prescription, la délivrance, la vente, la réalisation ou la consommation des actes, procédés, techniques et méthodes à visée esthétique réservés aux professionnels de santé ainsi que des interventions de chirurgie". Et le ministre de l'Economie de simplifier encore : « Toute promotion concernant la chirurgie esthétique, par un influenceur dans le cadre d’un partenariat rémunéré, sera désormais interdite ». 

    Mais pourquoi cette croisade contre une branche de la médecine ?  Après tout, cette spécialité de chirurgie, qui vise “à améliorer ou modifier une partie saine visible du corps que le patient considère comme inesthétique” selon le Larousse, est parfaitement légale et encadrée par la déontologie médicale ainsi que par nombre de lois. Alors ?

    "Nous le faisons pour limiter les effets psychologiques destructeurs de ces pratiques pour l’estime des internautes” a déclaré Bruno Le Maire. Et il y a urgence : le nombre d’actes de chirurgie esthétique a augmenté de presque 20% depuis 2021 alors que de plus en plus d’influenceurs en ont fait leur sujet depuis 3 ans.

    Opération séduction

    Sur les réseaux, il est devenu commun de suggérer des injections de botox, un limage des dents ou une opération chirurgicale du front. Cette dernière se cache derrière le hashtag "botched hairlne lowering" (abaissement de la ligne de cheveux) qui totalise 54 milliards de vues sur TikTok. Non seulement ces actes peuvent laisser des cicatrices et des blessures graves et irrémédiables s’ils sont mal exécutés ou dans des conditions insuffisantes, mais aussi des séquelles psychologiques dramatiques.

    Déontologie oblige, chaque médecin devrait recevoir son patient en entretien pour déterminer ses motivations profondes et lui expliquer le détail de l'intervention et les possibles complications. Passer en accéléré ces étapes, comme on jette un produit dans son caddie, minimise la compréhension et réduit la phase de réflexion. En outre, la promotion de la chirurgie esthétique sur les réseaux contribue à une pression sociale pour atteindre des normes de beauté irréalistes. Un fossé qui peut affecter la santé mentale et accentuer le mal-être des plus jeunes.

    C’est pourquoi, les autorités cherchent à protéger les consommateurs contre ces risques potentiels. Fin mars, l’Assemblée nationale a adopté cette proposition de loi ; c’est au tour des sénateurs d’examiner le texte qui, demain, protégera des influenceurs... les plus influençables.

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