La pêche du futur peut-elle être 100% durable ?

Au niveau mondial, 90 millions de tonnes de poissons, crustacés, mollusques et autres animaux aquatiques sont pêchés chaque année. Mais depuis quelque temps, à la surpêche et ses dégâts s'oppose une pêche plus réfléchie... et plus durable. Pêcher tout en protégeant les mers et les océans : douce utopie ou projet concret ?
  • Manger du poisson, qu’il soit pané, grillé ou en sushi, a un coût. Et au moment de passer à l’addition, ce sont les océans et mers du globe qui trinquent. Rendez-vous compte, d’après Géo, 90 millions de tonnes de poissons et autres animaux aquatiques sont pêchés, en moyenne chaque année sur la planète. Selon le WWF, 29 % des stocks de poissons de la planète sont surexploités. Il faut dire qu’ils ont la cote… 19,2 kilos de poisson sont consommés par personne et par an. C’est deux fois plus qu’il y a 50 ans !

    2 % des populations de poissons « effondrées »

    Quand on regarde les chiffres, on découvre que deux ans en arrière, 82 % de cette pêche ne finissait pas dans votre assiette… mais dans celle des poissons d’élevage. Et oui, en 2020, l’aquaculture représentait 46 % des poissons vendus dans le monde. Et ces animaux d’élevages étaient généralement nourris avec de la poudre produite à partir d’huile de poissons sauvages… En 2013, pour produire 1 kilo de truite d’élevage, 2,4 kilos de poissons sauvages étaient nécessaires

    Vue aérienne d'un élevage de poissons en Écosse (UK)
    © Bob Brewer / Unsplash

     

    Depuis la diffusion, l'année dernière sur Netflix, du documentaire choque Seaspiracy, beaucoup s’interrogent… Pour manger responsable, faut-il bannir toute forme de protéines issue de la pêche ? Eh bien, pas forcément ! Depuis quelques années, les choses bougent dans les ports et sous l’eau. En France par exemple, en 2020, l'institut IFREMER rapporte que 56 % des stocks de poissons pêchés et vendus dans l’Hexagone sont exploitées durablement. Il y a 20 ans, c’était 15 % seulement. Mais ces avancées encourageantes n’empêchent pas que la surpêche touche encore 21 % des populations de poissons.

    En fait, pêcher durablement consiste à laisser aux poissons le temps de se reproduire et aux écosystèmes marins celui de se régénérer. Tout est une question de RÉ-GU-LA-TION (et de respect). Mais alors, lequel peut-on manger sans trop culpabiliser : La pêche durable existe-t-elle ? Y a-t-il des espèces à bannir de nos assiettes ?

    D’un côté, il y a les retours triomphants, comme celui des thons rouges en Méditerranée. Après avoir frôlé l’effondrement dans les années 2000, la population de thon a mis dix ans à se régénérer. À l’inverse, 2 % des populations de poissons sont encore considérées comme « effondrées ». Certaines espèces ont particulièrement besoin d’être préservées de la surpêche, comme le merlu (mer Méditerranée) ou le cabillaud (mer du Nord et mer Celtique). Les plies et les sols sont, quant à elles, des victimes du réchauffement climatique

    Des principes éthiques et des outils innovants 

    Il n’est pas toujours facile de savoir d’où viennent les produits de la mer que l’on consomme. Auprès de nos confrères des Échos, Jack Clarke, de l’ONG britannique Marine Conservation Society constate : 

    « Il y a des produits sauvages, des produits d'élevage, des dizaines d'espèces pêchées dans des centaines d'endroits différents, et avec des techniques très différentes. »

    Pour exister, la pêche durable dépend donc de principes : sourcer sa pêche, respecter les fonds marins et les quotas, sauvegarder les espèces menacées et les écosystèmes les plus fragiles… Mais aussi d’outils innovants. Par exemple, cette année, trois jeunes étudiants de Lyon ont inventé BioNet, un filet de pêche biodégradable. Leur création se dégraderait dans l’eau en seulement un an, contre 600 ans pour un filet synthétique.

    D’autres solutions ont été mises en place pour garantir la pêche du futur. Par exemple, pour la capture de la crevette nordique, les navires sont équipés de filets à LED. La lumière permet de repousser 80 % à 90 % des « prises accessoires » (ou accidentelles).

    Côté consommateur.rice, il est essentiel de se renseigner : dans quelles conditions et où a été pêché ce poisson / ce poulpe / cette huître. Pour ça, il existe des labels comme le MSC, qui garantit un poisson pêché de manière durable. En France, 11 pêcheries sont certifiées dans le programme MSC. Ensemble, elles représentent 12 espèces différentes et 17 % des captures totales de poisson de navires de pêche français.

    Aussi, le « circuit-court » est possible, même avec les produits de la mer ! La société Poiscaille propose depuis 2015, sur abonnement, des casiers de la mer « en direct de pêcheurs aux pratiques vertueuses ». Une bonne idée (parmi d’autres) pour manger français, frais et de manière éthique et responsable.

    Alors non, la pêche n'est actuellement pas 100 % durable en France. Et encore moins dans le monde entier… Mais en exigeant plus de transparence et d'éthique concernant les poissons et crustacés que l'on consomme, la pêche du futur, elle, pourrait bien l'être ! 

     

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