2023 M04 4
Depuis 60 ans que l'homme explore l'espace, ce sont plus de 5 200 lancements qui ont mis en orbite 7 500 satellites autour du globe. Une activité faste, qui s'accélère d'ailleurs ces dernières années. Mais cette passion pour les confins de l'atmosphère pose aussi un sérieux problème : l’espace est désormais de plus en plus encombré par ce qu’on appelle des « débris spatiaux ». Il peut s’agir de restes de satellites, de morceaux de lanceurs ou encore de fragments issus de la collision entre plusieurs objets.
Et c’est bien là un véritable problème, d'ailleurs théorisé sous l’appellation « syndrome de Kessler ». Ainsi, dans l’espace, lorsque deux débris se rencontrent, ils créent une multitude de nouveaux débris qui, à leur tour, participent à créer de nouveaux éléments. Un phénomène très bien expliqué par le film Gravity.
Au final, les astronomes dénombrent aujourd’hui plus de 30 000 objets de plus de 10 centimètres qui tournent autour de la terre et participent à créer un véritable champ de débris qui pourrait s'avérer problématique à l'avenir. En effet, ce volume vertigineux de déchets pourrait s’accentuer très vite, alors que des compagnies privées - comme SpaceX - ne cessent de mettre en orbite de nouveaux satellites. Ainsi, depuis 2019, date à laquelle la firme créée par Elon Musk a débuté son programme Starlink, le nombre de satellites a plus que doublé autour du globe et les projets se multiplient pour apporter du haut débit depuis l'espace.
Quels risques pour l’humanité ?
Qu’on se rassure, le risque de voir des pluies de débris spatiaux s’abattre sur terre est quasi-nul car la majorité de ces débris vont se désintégrer en entrant dans l’atmosphère. Par ailleurs - si jamais des débris venaient à passer cette barrière - les mers et les océans représentent 70% de la surface du globe, donc il y a peu de chances de voir des accidents graves se produire.
En revanche, notre exploitation de l’espace présente d’autres dangers concernant notre manière de vivre, et cette zone peut être comparée à une zone naturelle à protéger. Sauf qu’ici, l’écosystème à protéger ne contient pas de faune et de flore. Et c’est justement ce vide qui nous protège. Si demain, l’orbite terrestre devient saturée d’objets, cela pourrait compromettre notre utilisation de nombreux services du quotidien, comme les services météo, la téléphonie ainsi que tout ce qui passe par Internet (par exemple, les services bancaires).
Un autre problème se pose pour l’observation des phénomènes astrophysiques rares, l’observation des planètes où encore celle des météorites. En fait, les satellites émettent de la lumière et cela commence à créer une réelle pollution lumineuse pour les scientifiques et réduit leurs possibilités.
Peut-on nettoyer l’espace ?
C’est une question qui est encore embryonnaire pour les scientifiques. Aujourd’hui, les agences spatiales ont surtout constitué des cartographies des débris qu’ils tiennent à jour, et ce afin de pouvoir anticiper leurs effets sur certains objets (comme la Station Spatiale Internationale où comme des satellites). Grâce à ces catalogues, elles espèrent pouvoir entraîner des IA qui, ensuite, permettront aux satellites de corriger par eux-même leurs trajectoires afin d’éviter d’être percutés par des débris référencés. Il s’agit là d’une stratégie d’évitement qui n’est pas encore fonctionnelle mais qui semble prometteuse.
En parallèle, d’autres acteurs et États travaillent sur des satellites chargés de nettoyer l’espace. C’est particulièrement le cas d’une société, ClearSpace, qui travaille sur un prototype de satellite chargé d’éliminer les plus gros débris. Son fonctionnement est simple : il doit se rapprocher de l’objet à éliminer afin de le “pousser” - c’est-à-dire de lui donner une petite impulsion - pour que l’objet dévie de son orbite en direction de l'atmosphère où il se consumera naturellement.
Comment éviter la pollution dans l'espace ?
Il existe des normes internationales qui clarifient comment nous pouvons arriver à une utilisation durable de l’espace. Elles comprennent quatre leviers majeurs sur lesquels les pays et entreprises sont amenés à agir :
> Concevoir les lanceurs et les véhicules spatiaux pour qu’ils « perdent » le moins possible d’éléments — tant au décollage que pendant l’exploitation — suite aux conditions hostiles rencontrées dans l’espace ;
> Prévenir les explosions en libérant l’énergie stockée, c’est-à-dire en passivant les véhicules en fin de vie ;
> Mettre les missions terminées hors de portée des satellites opérationnels, soit en les désorbitant, soit en les envoyant vers une orbite cimetière ;
> Éviter les collisions dans l’espace en choisissant avec soin ses orbites et en effectuant des manœuvres d’évitement de collision.