2023 M02 16
Le jute est une matière naturelle végétale dont la fibre est utilisée dans l'industrie textile. Écologique et résistante, elle est surnommée la « fibre d'or ». De nos jours, la demande explose en Occident, pour le plus grand plaisir de l'Inde, premier producteur mondial de jute. Là-bas, sa culture fait vivre des milliers de familles.
Une alternative solide au plastique
C'est l'abandon progressif du plastique qui a mis le jute dans la lumière. En effet, on retrouve aux caisses de nos supermarchés de plus en plus de sacs en jute réutilisables. La forte teneur en lignine de cette matière végétale leur assure en effet une grande résistance. Longtemps utilisé uniquement pour transporter des marchandises, le sac de jute s'invite désormais chez nous. Selon un rapport de Research and Markets, le marché de ces sacs réputés pour leur longévité pourrait peser, à lui seul, quelque 2,5 milliards d’euros d’ici à 2024 (contre 1,7 milliard en 2020).
Douce, longue, brillante, résistante et soyeuse, la fibre de jute, issue de l’écorce de la plante de jute, est aussi de plus en plus utilisée dans l'industrie de la mode. Remarquée dans les collections de stylistes indiens comme Ashish Soni, on la retrouve désormais chez Christian Dior. Le point culminant de l'ascension du jute ? C'est sans doute son apparition au mariage du Prince Harry et de Meghan Markle, le 19 mai 2018. Le couple princier a en effet offert à ses invités des sacs en toile de jute estampillés « H&M ».
Une production 100 % écolo
Le jute a besoin, pour pousser, de très peu d'engrais. Il nécessite cependant un environnement tropical, c'est-à-dire chaud et humide. C'est pour cela qu'elle est produite quasi exclusivement au Bengale occidental (à l'Est de l'Inde). Récoltée d'avril à août, la fibre de jute produit davantage que son concurrent numéro 1 : le coton qui, lui, est très (très) gourmand en eau. Pour un kilo de coton, il faut entre 5 000 et 17 000 litres d'eau.
De plus, rien ne se jette dans le jute. Tout s'utilise, de la couche externe de la tige qui produit la fibre, à la tige interne ligneuse qui sert à la fabrication du papier, en passant par ses feuilles, comestibles. Cerise sur le gâteau de cette plante fascinante : sa culture lutte contre le gaz à effet de serre. Un hectare de cultures de jute peut absorber jusqu’à 15 tonnes de dioxyde de carbone et rejeter 11 tonnes d’oxygène au cours d’une saison.
Une industrie vitale pour l'Inde
L'industrie du jute est parmi les plus anciennes et les plus importantes industries d'Inde. Il faut dire que le pays produit environ 70 % de la production mondiale estimée. Elle occupe donc une place importante dans l'économie nationale. Avec l'avènement du plastique, la demande mondiale a dégringolé et l'impact sur les agriculteurs indiens ne s'est pas fait attendre. Aujourd'hui, cette industrie, obsolète, se retrouve chamboulée par une demande mondiale grandissante.
« Le jute a un grand avenir (...) le gouvernement doit donc se concentrer sur ce secteur », a déclaré à l'AFP Supriya Das, président de Meghna Jute Mills, l'une des 70 usines du Bengale occidental.
Aujourd'hui encore, les agriculteurs indiens produisent le jute artisanalement, sur des machines hors d'âge. Pour obtenir la fibre de jute, il faut procéder au rouissage, une technique qui consiste à retirer la partie fibreuse à l'intérieur de l’écorce du tronc. S'il existe des méthodes chimiques pour cette étape de la fabrication, les méthodes artisanales restent bien moins coûteuses et plus écologiques. L'Inde fait donc face à un défi : promouvoir le jute pour garder son industrie dynamique, sans tomber dans une production intensive qui s'avérerait polluante.