2021 M10 4
“5 000 milliards de morceaux de plastique flottent déjà dans nos océans”, "En 2050, il y aura plus de plastiques que de poissons dans l'océan", “À travers le monde, 73 % des déchets sur les plages sont du plastique”, “la France génère chaque année 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques”, “on retrouve des microparticules de plastique dans 83% de l’eau du robinet”...
Issu du pétrole, dont l’extraction est très polluante, le plastique est l’une des matières les plus controversées (et paradoxalement l’une des plus utiles) de notre époque. Le plastique est partout : dans nos vêtements, nos jeux, nos accessoires, nos meubles, notre alimentation. Une omniprésence liée aux qualités intrinsèques de la matière. Léger, souple et surtout quasi indestructible, le plastique est un peu une “super matière”.
Une super matière dont on aimerait bien se passer aujourd’hui. Il y a d’ailleurs beaucoup de recherches sur des alternatives biosourcées aux emballages plastiques : c’est le cas du PLA (Acide Polylactique) qui est une matière biodégradable sous certaines conditions, où encore de similis plastiques réalisés à partir d’algues, de peaux de bananes ou de résidus de sucre de canne.
Des alternatives un peu farfelues ? Pas vraiment. Car il faut savoir qu’au départ, les premières matières plastiques sont issues de fibres végétales, en particulier le coton et la sciure de bois.
Le plastique, une invention (presque) française
Le précurseur de la chimie des polymères et des premières matières plastiques est un scientifique français : Henri Braconnot. Pharmacien, botaniste et chimiste à ses heures perdues, Braconnot étudie chez lui ce que ça fait lorsqu'on mélange de l’acide nitrique avec des matières comme la sciure de bois et le coton. Chacun ses hobbies, et le sien l’amène à découvrir une matière qui, sous certaines conditions, peut-être soit comparable au verre, soit comparable à une fine pellicule de vernis, résistante à l’eau.
Nous sommes alors en 1833 et, sans le savoir, Henri Braconnot tient là l’ancêtre du plastique : la xyloïdine. C’est ce procédé qui sera ensuite repris et amélioré pour donner, vers 1870, le celluloïd. Une matière plastique obtenue grâce à du coton et des copeaux de camphriers. Ce sont les frères Hyatt, aux États-Unis, qui sont à l’origine de la création du celluloïd, une matière qui servit à la fabrication de nombreux objets : manches de couteau, touches de piano, barrettes et peignes, jouets ou encore pellicules pour la photographie et le cinéma.
Tout allait bien et le celluloïd aurait pu avoir un bel avenir sauf que cette matière est extrêmement inflammable. Jugée trop dangereuse, on s'en écarte donc à partir des années 1930, où la pétrochimie s'impose dans la production de plastique afin de proposer une matière moins dangereuse et plus efficace. Ce qui sonne la fin de l'utilisation de matières biosourcées et biodégradables.
Henri Braconnot, le presque-inventeur du plastique
Et demain, de nouvelles alternatives ?
Cependant, qu'on se rassure, la transition écologique et l’avènement de l’économie circulaire nous amènent à reconsidérer la façon dont nous produisons nos emballages. Et c’est une nouvelle fois en France que les meilleures alternatives sont en train d’apparaître.
On peut citer par exemple les travaux de l’entreprise Carbios, qui travaille sur une enzyme à même de recycler naturellement certains plastiques. Une avancée majeure qui pourrait réduire la pollution. Soulignons également l’avancée de la startup Lactips, qui fabrique un plastique entièrement biodégradable grâce à des protéines de lait. De quoi espérer un avenir meilleur pour remplacer le plastique émanant du pétrole.