Le marché du vrac menacé par la pandémie, la filière se mobilise

Malgré un fort développement ces dernières années, le vrac est en perte de vitesse. La crise sanitaire est passée par là ! Avec la peur du virus, le fait de manipuler des produits sans emballage a pu refroidir certains clients. Le recours plus important au télétravail a également limité le nombre de passages dans les épiceries souvent en centre-ville. Mais le coup de grâce pourrait être porté par une nouvelle réglementation. On vous explique pourquoi.
  • Réseau Vrac estime que le vrac, ces produits vendus sans emballage et que vous choisissez vous-même, ne connaîtra pas de croissance en 2022. C’est une première depuis la création en 2015 de l'association qui regroupe 1700 professionnels. D'après un sondage mené en décembre par le réseau auprès de 400 commerçants et fournisseurs, 40% des commerçants vrac pensent ainsi devoir fermer dans les six prochains mois, tandis que, du côté des fournisseurs, 21% des personnes interrogées envisagent un risque de cessation de paiement dans l’année.

    « On est dans un contexte aujourd'hui qui n'est absolument pas favorable depuis six mois, assure à l'AFP Célia Rennesson, directrice générale de Réseau Vrac. »

    Le marché a pourtant connu un fort développement ces dernières année, en passant d'une vingtaine de magasins en 2015 à environ 900 aujourd'hui. En 2020, avec la crise sanitaire, la croissance s'est naturellement tassée. Les épiceries vrac, considérées comme « commerces essentiels », ont pu rester ouvertes à condition de s'adapter aux protocoles sanitaires. Mais dans le même temps, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a contrôlé 1.658 établissements de la filière et 46 % d’entre eux n'étaient pas vraiment dans les clous. Résultat : l’Anses, l'agence nationale de sécurité alimentaire, a commencé par confirmer l’exclusion de préparations pour nourrissons et denrées alimentaires pour bébés, ainsi que les produits soumis à une DLC (date limite de consommation).

    Plus étonnant, l’Anses a aussi décidé d’intégrer dans les produits à exclure la vente de tous les détergents, ce qui nuit gravement au développement de la filière et à la démarche de réduction des déchets engagée par de nombreux français. Sont également dans le viseur, les produits de consommation d’hygiène. L’agence recommande que papier et tampons hygiéniques, mouchoirs et couches pour bébé ne soient pas vendus sans emballage au regard « du risque microbiologique, la manipulation par le consommateur pouvant entraîner une contamination du produit ». Même chose pour les filtres à café, les serviettes de table, le film alimentaire, l’aluminium ou les cure-dents.

    Un décret en discussion

    Résultat : le gouvernement planche sur un décret pour mettre en place une nouvelle règlementation. « Si ce décret passe, ce sera la mort du vrac », prédit Célia Rennesson. Elle juge l’avis de l’Anses trop éloigné de la réalité des pratiques dans les magasins et la mesure impossible à tenir économiquement. « Il faudrait que chaque commerçant embauche une personne uniquement pour servir ce type de produits aux clients », précise-t-elle. Les discussions se poursuivent actuellement entre les représentants du secteur et le ministère de l’Économie et des Finances. Certains magasins du réseau Biocoop ont déjà réagi. Le vrac y est totalement arrêté pour raisons d’hygiène. L’idée étant de s’adapter pour limiter les risques de contaminations, mais tous les acteurs du secteur n’ont pas forcément suivi le mouvement. En effet, lutter pour que nos plastiques ne finissent plus dans les océans est la raison d’être du vrac.

    Une pétition pour sauver la filière

    Aujourd’hui, la filière se mobilise pour éviter que de nouvelles réglementations imposées à ces commerces de proximité ne soient trop contraignantes. Réseau Vrac a ainsi alerté dans un courrier début décembre le ministère de la Transition écologique et lui demande de lancer une campagne de communication nationale pour inciter les consommateurs à acheter en vrac. L'association demande également au gouvernement des aides financières directes ou des reports de dettes pour accompagner les épiceries en difficulté. Enfin une pétition circule sur le web pour soutenir la filière pendant les discussion entre les parties prenantes.

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