VRAC réseau groupement d'achat

VRAC, l'asso qui vend le bio à prix coûtant pour aider les défavorisés à manger mieux

Le secret de ce réseau actif dans une douzaine de villes de France ? Acheter groupé, jouer collectif et se passer de tout profit.
  • Encore des pâtes, ce soir ?

    Quand on parle de pouvoir d’achat, on pense d’abord du coût du logement puis des énergies, chauffage et carburant en tête. Le budget dédié à l’alimentation dépend alors de ce qu’il reste... En d’autres termes, les revenus les plus bas rognent plus rapidement sur la variété, la qualité et surtout la quantité de nourriture qu’ils consomment.

    Avec des conséquences parfois drastiques : 1 personne sur 4 accompagnée par le Secours Catholique sauterait régulièrement un repas.

    Bien souvent, ce sacrifice est fait pour permettre à un enfant de pouvoir manger, par exemple en payant la cantine. D’autres se tournent vers les aides alimentaires, comme nombre d’étudiants l’ont fait en 2020. Alors leur parler de manger bio, vous rêvez...

    Pourtant une autre possibilité existe : créer une distribution alimentaire alternative, sans recherche de profit. En profitant du nombre d’acheteurs pour obtenir des rabais et remises.

    L’union fait (toujours) la force

    Cela pourrait être la devise du VRAC ("Vers un Réseau d’Achat en Commun"), association créée en 2013 pour permettre aux habitants des quartiers les plus populaires « d’accéder à une alimentation choisie et non contrainte, grâce à la vente des produits à prix coûtant » et sans emballage pour limiter les coûts.

    Le VRAC n’est pas une centrale d’achat mais un réseau de soutien de groupements locaux. Ce qui permet d’acquérir auprès de producteurs et de coopératives des fruits et légumes bio en circuit court, mais aussi des sauces tomates, des légumineux, ou des produits d’entretien à des prix imbattables : 20 à 30 % moins chers qu’au supermarché. En tout une cinquantaine de références sont disponibles.

    En contrepartie, l’asso demande une adhésion (30 € par an) à ses membres. Chaque groupement a ses propres règles mais la logique est d’éviter les locaux et boutiques, trop coûteux. On passe donc « commande » chaque mois en ligne ou chez des commerces partenaires, puis on vient récupérer son panier 15 jours plus tard sur un site d’accueil temporaire.

    L’intégration passe par l’alimentation

    VRAC défend une solidarité de la dignité, où chacun est libre d’acheter ce qu’il veut. Ce n’est PAS une aide alimentaire ; les clients choisissent intégralement le contenu de leur panier et paient leurs courses à la fin. De même, bien qu’elle donne priorité aux personnes isolées (retraités, parents seuls et étudiants en tête), l’asso accepte tous les clients, à condition de majorer ses paiements de 10 % (donc verser 20 centimes de plus sur des pâtes à 2 €).

    Autre forme d’intégration défendue, les adhérents doivent aider le réseau en donnant un coup de main lors des remises de panier ou dans le fonctionnement même de l’asso. Un esprit en phase avec celui de son créateur qui déclarait à Carenews, « il faut encourager les gens à recréer du lien social, avec son voisin, s’organiser pour faire ses courses ensemble. »

    10 000 clients dans 56 groupes VRAC. Le système est d’abord né à Lyon, où l’a lancé Boris Tavernier qui tenait un bar coopératif. Désormais le VRAC est présent dans 13 villes de France, de  Toulouse à Lille et de Nantes à Strasbourg et bien évidemment à Paris. Partout, des communautés s’unissent : à Montpellier, le VRAC est soutenu par le supermarché collaboratif La Cagette et à Paris par l’épicerie solidaire et féministe Saveurs en Partage. En tout, 56 groupes d’achats ont été créés, profitant ainsi à 10 000 personnes.

    Mais VRAC va plus loin car il veut « militer et démontrer que financer un accès à une alimentation durable de qualité pour le plus grand nombre, c’est un investissement et non un coût. » Une alimentation saine réduit les dépenses de santé et les inégalités sociales ce qui renforce les liens. Pour Boris Tavernier, s’attaquer aux prix est une mission de société : « les quartiers populaires sont dans des désert alimentaires » car les producteurs n’y viennent pas sur les marchés, étant en concurrence avec des discounters.

    Alors que 4 millions de Français ont recours à l’aide alimentaire et mangent des invendus, on peut noter que la nourriture est clairement un atout. En créant des groupes VRAC, on rouvre la discussion et on « pose des questions sur le miel » ou l’origine des viandes… Bref, pour l'intégration comme pour lutter contre la pauvreté, il est temps de passer à table.

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