Lézards, grenouilles, rats... ces animaux surprenants qui sont aussi des pollinisateurs

Quand on pense aux insectes pollinisateurs, les abeilles, les bourdons ou encore les papillons sont les plus connus. Mais d’autres animaux peuvent aussi transporter le pollen destiné à la reproduction des végétaux.
  • Si vous vous souvenez sûrement de vos anciens cours de SVT, alors vous êtes déjà au courant que la reproduction de près de 80% de plantes à fleurs dépend de la pollinisation par les insectes. Les abeilles sont les plus performantes mais les bourdons, les papillons, les guêpes ou encore les mouches exercent un travail similaire ô combien essentiel pour la reproduction des végétaux ainsi que pour la survie et la diversification de tout un écosystème. Mais la science est en perpétuelle évolution et encore aujourd’hui, des équipes de scientifiques découvrent de nouveaux animaux pollinisateurs. Et spoiler : ils ne ressemblent pas à des abeilles. 

    Grenouille orange

    En mai 2023, un article publié sur Scientific American met la lumière sur une première mondiale : une grenouille pourrait être le premier amphibien pollinisateur au monde, plus précisément une rainette nommée Xenohyla Truncata, un petit être orange que l’on retrouve à certains endroits du Brésil. « Les chercheurs ont vu l'une des grenouilles se tortiller dans une fleur à la recherche de nectar, puis émerger avec du pollen accroché sur son dos humide. Cela les a amenés à suggérer que les amphibiens pourraient jouer un rôle dans le transport du pollen d'une floraison à l'autre, aidant ainsi la reproduction de végétaux », peut-on lire dans l’article.

    S’il faudra encore étudier de près cette espèce pour savoir si ses actions ont des vrais effets sur la reproduction de végétaux, cette découverte « illustre à quel point des interactions écologiques inattendues sont encore à découvrir lorsque les gens effectuent un travail de terrain de base ». 

    En effet, comme l’indique l’article publié sur le site Scientific American, les scientifiques ont découvert sur des dernières années plusieurs nouvelles espèces de pollinisateurs plutôt inattendues. Par exemple, en Colombie, il existe des rats qui grimpent aux arbres — les feijoas — pour se nourrir des pétales des fleurs. Au passage, ils se mettent du pollen partout et le transportent d’arbres en arbres, aidant les fleurs à se reproduire. Là encore, les scientifiques doivent étudier l’impact des rats sur la pollinisation : est-ce qu’ils peuvent remplacer le travail assuré par le passé par les oiseaux ? Ces rats sont-ils de bons pollinisateurs ? 

    En Afrique du Sud, les chercheurs ont découvert qu’une espèce de lézard — le Pseudocordylus subviridis, qui appartient à la famille des sauriens — était le pollinisateur d’une plante baptisée Guthriea capensis. Les reptiles transportent le pollen sur leur museau quand ils mettent leur nez dans la plante à la recherche du nectar. Et ils sont essentiels à celle-ci : « lorsque les lézards ont été exclus des plantes, pour mener une expérimentation, le nombre de graines produites a chuté de façon spectaculaire, de près de 95 % », peut-on lire ici.

    Enfin, au Brésil, ce sont des opossums qui jouent ce rôle clé sur une plante dite parasite à l’aspect d’un champignon — le Scybalium fungiforme. Ces animaux, « grâce à leurs doigts, sont capables de décoller les feuilles en forme d’écailles qui recouvrent la fleur » pour aller manger le nectar, expliquent les scientifiques dans le journal américain Ecology. 

    Si voir d’autres espèces d’animaux devenir des pollinisateurs ressemble à une bonne nouvelle — ou à une évolution naturelle des écosystèmes, la disparition des insectes comme les abeilles, les coccinelles ou les papillons est de plus en plus inquiétante. En l’espace de 30 ans, comme l’écrit Libération, 75% des insectes sur la planète ont disparu, ce qui entraîne aussi une chute des oiseaux qui se nourrissent principalement de ces petites bêtes.

    Plus largement, leur extinction serait catastrophique et rendrait la planète invivable pour les humains, estime le biologiste britannique Dave Goulson, toujours pour Libération. Et ce n’est pas la petite rainette orange du Brésil qui pourra sauver tous les meubles. 

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