2022 M10 20
La production d'énergie solaire depuis l'espace sera-t-elle la clé de la décarbonisation de l'énergie ? C’est en tout cas le pari lancé récemment par Josef Aschbacher, le patron de l’Agence Spatiale Européenne. En pleine crise de l’énergie et dans un contexte de changement climatique qui doit faire la part belle aux énergies renouvelables, le patron de l’ESA estime que l’énergie solaire spatiale représente l’une de nos meilleures chances de basculer dans un futur durable.
Pour cela, le plan de l’ESA serait de mettre en orbite autour de la terre une dizaine de méga-satellites couverts de panneaux photovoltaïques. Sur ce point rien d’innovant car cela fait déjà des années que la station spatiale internationale est alimentée en électricité de cette manière. En captant la lumière solaire depuis l’espace, cette constellation de satellites pourrait ensuite la convertir en courant électrique et transmettre cette électricité jusque sur terre grâce à une technologie micro-ondes.
Une idée de génie ? Dans l’espace, il n’y a pas de nuages et l’ensoleillement est permanent donc les panneaux peuvent bénéficier d’une meilleure productivité. Cela permet aussi de s’affranchir d’un certain nombre de contraintes inhérentes à l’énergie solaire au sol : pas de problème esthétique pour le voisinage, pas d’artificialisation des sols non plus. Au total, d’après deux études allemandes et britanniques réalisées par l’ESA, ce grand projet pourrait fournir 30% de l’électricité de l’Europe. Sur le papier, le plan semble donc parfait.
At #CM22, I will propose a SBSP preparatory programme to Member States called #SOLARIS. We have the main building blocks already, but let me be clear: for the project to succeed, much technology development and funding is still needed. https://t.co/iBbByzJDLB pic.twitter.com/raqf9ZcRht
— Josef Aschbacher (@AschbacherJosef) August 16, 2022
Une station solaire chinoise dans l’espace pour 2025 ?
Reste que cela ne sera évidemment pas du gâteau et que certaines voix dénoncent déjà cette idée. C’est vrai que la station spatiale internationale a nécessité 10 ans de travaux en orbite basse afin d’être pleinement opérationnelle et que les stations-solaires envisagées sur ce projet sont censées être jusqu’à 10 fois plus grandes que l’ISS. Sur le plan technologique, le défi est donc extraordinaire. En outre, l’efficacité de la technologie n’est pas encore démontrée et, enfin, il y a un sujet de coût qui se chiffre en milliards de dollars et qui sera donc difficilement rentable à court-terme.
De quoi freiner l’ambition de ce grand projet ? Seul l’avenir le dira, mais certains grands noms de la conquête spatiale ont déjà fait part de leurs réticences sur l’idée d’utiliser l’énergie solaire spatiale. Parmi eux, le patron de Space X, Elon Musk, s’est plusieurs fois prononcé sur le sujet assurant que c’était “l’idée la plus stupide qu’il n’ait jamais vu”.
Pourtant, l’Europe n’est pas la seule à s’intéresser à ce sujet. Cela fait maintenant plusieurs années que les scientifiques pensent qu’exploiter l’énergie solaire directement en orbite permettrait d’en capter et fournir bien plus que ce que nous sommes capables de produire actuellement. La Chine, par exemple, a déjà annoncé un prototype de station solaire à lancer dans la stratosphère entre d’ici 2025. L’idée serait d’en faire un démonstrateur qui pourrait ensuite évoluer vers une station de grande envergure entre 2030 et 2050. Dans le sillage de ce projet, l’annonce faite par l’ESA cet été vient confirmer l’intérêt des industriels pour cette possibilité.