Qui est Sophie Binet, la première femme à prendre les rênes de la CGT ?

Cette grande première au poste de secrétaire générale n’est ni un hasard ni un détail : sous sa direction, l’égalité homme-femme va devenir une grande priorité du syndicat.
  • Sophie Binet l’a elle-même reconnu : en la nommant nouvelle secrétaire générale de la Confédération générale du travail, c’est « un message très fort » qui a été envoyé. Vendredi 31 mars, elle a été choisie pour reprendre le flambeau des mains de Philippe Martinez, sans que personne ne s'y attende. Mais surtout, ce 53e congrès de la CGT venait de couronner une femme pour la première fois depuis sa création, il y a 128 ans.

    A 41 ans, son profil a donc été choisi pour re-monter au créneau contre la réforme des retraites en cours. Mais dès ses premières prises de parole, elle a déjà donné des indices sur d’autres orientations à venir, évoquant par exemple la question environnementale en se fixant comme objectif d’être « capable de porter au même niveau fin du monde et fins de mois ». L’écologie devrait donc faire sa grande entrée à la CGT. Mais Sophie Binet a brandi un autre combat à mener : la cause des femmes.

    D’abord, elle a évoqué la lutte contre les violences sexuelles, qui « ne peuvent pas être secondaires ». Sophie Binet montre ici du doigt les entreprises et pouvoirs publics qui ne jouent pas leur rôle de prévention : « En 5 ans, expliquait elle à l’Humanité, la conscientisation féministe a fait un pas de géant. Mais les institutions n’ont malheureusement pas suivi, notamment au travail ». Et de rappeler que 30 % des femmes ont déjà été harcelées sexuellement au travail alors que les entreprises n’ont pas formé leur personnel à anticiper ces actes ni à gérer ces crises.

    A poste égal, salaire égal

    Mais l’ordre du jour de la CGT devrait largement s’intéresser à leur place en entreprise, elles qui disparaissent encore trop au fur et à mesure qu'on monte les échelons des grandes entreprises française : à peine 7% des sociétés du CAC 40 ont une femme à leur tête.

    femmes au cac40

    A la tête de la commission "Femmes mixité", Sophie Binet a travaillé en profondeur la question de l’égalité femme-homme au travail notamment chez nos voisins européens. Elle propose que la France reprenne la loi islandaise de l’égalité impérative à travail égal avec sanction pour les entreprises qui ne pourrait pas démontrer qu’elles appliquent une stricte égalité de salaire.

    En moyenne, les femmes sont déjà plus touchées par le chômage (8,7% d’entre elles contre 7,4% des hommes selon l’INSEE) et sont plus susceptibles de se trouver en situation de précarité : en 2019, 17,3% des employées étaient en CDD (4 points de plus que leurs collègues masculins) et 10,7% travaillaient en intérim (contre 7,8% des hommes). Une précarité professionnelle qui a un impact sur leur situation économique et les rend plus vulnérables professionnellement.

    Un regard qui va encore durcir le ton des camarades contre la réforme, puisque Sophie Binet rappelait en janvier dernier à Politis que “les réformes qui consistent à allonger les durées de travail défavorisent les femmes, plus nombreuses à avoir des carrières incomplètes” avant de rappeler que “40 % des femmes partent à la retraite avec une carrière incomplète”. A bon entendeur.

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