2023 M06 9
Pour atteindre ses objectifs climatiques et participer à l’effort mondial pour tendre vers la neutralité carbone, la France doit passer de 408 millions de tonnes de CO2 équivalent en 2022 à 270 millions en 2030. Soit une baisse de 33% de ses émissions en seulement 8 ans.
Ce serait inédit, mais c’est aussi indispensable pour notre futur. Et pour y parvenir, l’État vient de dévoiler un vaste plan qui vise en priorité trois secteurs : les transports, le bâtiment et l’industrie. Dans le détail, voici, secteur par secteur, comment le gouvernement compte réduire nos émissions de GES.
Dans les transports
Le secteur des transports représente le premier poste d’émissions de GES du pays. À lui seul, ce secteur concentre un tiers de nos émissions, dont la moitié est liée à nos déplacements personnels. S'ensuivent les déplacements commerciaux, puis les déplacements aériens et maritimes. Pour le gouvernement, ces émissions doivent passer de 129 millions de tonnes de CO2 par an en 2022 à 92 Mt en 2030.
Pour y parvenir, l’État compte réduire ses émissions de 11 millions de tonnes de GES grâce à l’électrification des véhicules. Il souhaite ensuite promouvoir le télétravail, le covoiturage et le report des voyageurs sur les transports en commun pour économiser 5 millions de tonnes supplémentaires.
5 millions de tonnes devraient également être économisées grâce à l’électrification et le développement de l’hydrogène pour réduire les émissions des poids lourds et des véhicules de livraison. 11 millions de tonnes seront enfin enlevées au fret fluvial et ferroviaire par des mesures de sobriété. L’État espère également que des carburants durables et une réduction des voyages permettront d’économiser 2 millions de tonnes pour le transport aérien.
Dans le bâtiment
Le secteur du BTP représente aujourd’hui 18% des émissions totales du pays. Un pan de notre économie qui va devoir réaliser de sérieuses économies et repenser en profondeur son fonctionnement puisque l’État envisage de réduire de moitié ses émissions de GES, les faisant passer de 64 millions de tonnes en 2022 à 30 millions en 2030.
Cela passera essentiellement par la rénovation énergétique des bâtiments tertiaires et résidentiels. Le gouvernement vise aussi la disparition progressive des chaudières au fioul et par le remplacement des chaudières à gaz par d’autres moyens. Cela peut inclure notamment le recours aux pompes à chaleur. Le développement du gaz vert permettra aussi de réaliser des économies.
Si ce n’est pas détaillé dans les annonces du gouvernement, des efforts seront aussi demandés aux professionnels du bâtiment sur l’emploi de matériaux biosourcés, ainsi que sur le réemploi, le recyclage des matériaux et l’éco-conception des bâtiments.
Dans l’industrie
Le secteur industriel a déjà vu ses émissions reculer du fait de la désindustrialisation progressive du pays ces dernières décennies. Cependant, un effort conséquent sera demandé pour faire passer le secteur de 72 millions de tonnes en 2022 à 45 millions en 2030.
C’est en particulier grâce à l’essor de l’hydrogène renouvelable ou bas-carbone (grâce au nucléaire) que le gouvernement entend diminuer les émissions de GES des industries lourdes. Le plan table aussi sur la sortie du charbon et du gaz dans la production d’électricité en France (-11 Mt). Ou encore sur de moindres émissions issues du traitement des déchets (-9 Mt), via leur transformation en énergie ou encore le recyclage.
Dans l’agriculture
Enfin, le secteur agricole se voit fixer des objectifs plus modestes. En effet, l’agriculture va devoir accentuer son effort de 9%, contre 27% pour les transports, 25% pour le bâtiment, 20% pour l’industrie et 14% pour l’énergie. Il devra cependant réduire celles liées aux engrais azotés. Le gouvernement attend aussi que la baisse continue de la consommation de viande en France conduise à une économie de 5 millions de tonnes d’ici sept ans.