2022 M11 14
On estime aujourd’hui que 50% de la surface habitable de la terre est destinée à l’agriculture et qu’une grande partie de nos cultures ne servent pas à l’alimentation humaine mais à celle des animaux d’élevage. D’après la FAO, l’agence de l’ONU pour l’alimentation, ce sont 33% des terres cultivables du monde entier qui sont ainsi utilisées pour produire l’alimentation des animaux d’élevage.
Pour comprendre ce schéma, on peut prendre l’exemple de la culture du maïs, qui est assez emblématique du problème. On estime qu’environ 50% de l’alimentation des porcs en élevage est constituée de maïs. Donc, pour avoir du bon jambon, il faut produire du bon maïs. Et de fil en aiguille, on arrive aujourd’hui à avoir 61 % de la production mondiale de maïs qui sert à nourrir les animaux d’élevage. Et une proportion à peu près équivalente pour des céréales comme l’orge ou l’avoine (67%).
Face à ce constat, deux chercheurs, Joseph Poore et Thomas Nemecek, s’interrogent : si le monde devient vegan et que nous n’avons donc plus besoin de nourrir autant les animaux d’élevage, combien d’hectares de terres seront libérées pour d’autres cultures ou pour permettre l’étalement urbain ?
C’est une question loin d’être anodine car il y a aujourd’hui une forte concurrence sur le sujet de l’occupation des terres. Nous sommes 8 milliards d’humains en 2022 et nous devrions atteindre les 10 milliards en 2050. Or, avec l’accroissement de la population, il y a un accroissement de la taille des villes et une demande alimentaire qui augmente également. Une véritable concurrence qui n’est pas soutenable à terme. Mais elle pourrait le devenir si le monde devenait vegan. C’est en tout cas la conclusion de leurs recherches.
100 fois moins de terres pour produire des protéines végétales
Pour faire face au réchauffement climatique, la question de notre alimentation tourne principalement sur deux sujets : la consommation de viande et le gaspillage alimentaire. Sur le premier sujet, il est démontré que la consommation de viande rouge, en particulier le bœuf, l’agneau et le mouton, est responsable d’une très large part de notre empreinte carbone.
L’alternative la plus durable pour réduire le réchauffement climatique tout en gardant une nutrition équilibrée serait donc de remplacer notre consommation de protéines d’origine animale par des protéines d’origine végétale. Ce qui signifie que nous avons besoin de place pour faire pousser des légumineuses en grande quantité. D’où le retour à la question des terres agricoles disponibles.
Or, les scientifiques ont calculé qu’il faut 100 fois plus de terres pour produire 1 000 kilocalories de bœuf par rapport à l’équivalent via des alternatives végétales. Suivant ce calcul, si le monde entier devenait vegan, ce sont 3 milliards d’hectares qui seraient libérés à travers le globe. Un chiffre à nuancer car la plupart des élevages occupent des prairies ou des pâturages de montagne qui ne sont pas toujours adaptés à d’autres formes d’agriculture.
Cependant, sans aller à l’extrême, les chercheurs démontrent que la production de la nourriture animale aujourd’hui occupe 538 millions d’hectares de terres agricoles. Et que ce volume serait suffisant pour nous permettre de nous nourrir d’alternatives végétales si nous devions arrêter de consommer de la viande demain. Un calcul qu’il est toujours bon d’avoir en tête.