Utiliser des plantes pour dépolluer naturellement les sols, c'est le principe de la phytoremédiation

Grâce aux propriétés de certaines plantes, qui aspirent les métaux lourds lors de leur croissance, il est désormais possible de dépolluer naturellement certains sols tout en favorisant le développement de l’économie circulaire : c’est la phytoremédiation.
  • On estime qu’il y a plus de 100 000 hectares de terres agricoles qui sont polluées aux métaux lourds en France, sans compter les nombreuses friches industrielles que comptent nos villes et qui doivent - elles aussi - être dépolluées avant de devenir constructible à nouveau. 

    Or, la dépollution des sols est une procédure longue et coûteuse. La plupart du temps, il faut extraire le sol pollué pour le traiter hors-site et ramener ensuite la matière à l’endroit d’origine. Parfois, il est même plus simple de juste remplacer le sol.

    Mais ces méthodes - au-delà d’être fastidieuses - ne sont pas non plus écologiques. Face à cet enjeu, les phytotechnologies se développent afin de dépolluer ces sols d’une manière écologique et peu coûteuse, tout en s’inscrivant dans l’économie circulaire.

    « On peut imaginer une dépollution totale des sols contaminés, à condition de laisser à la nature le temps de faire son œuvre. »

    Claude Grison, spécialiste des plantes hyperaccumulatrices au CNRS

    Les plantes “hyperaccumulatrices”, super-héroïnes des champs

    La phytoremédiation est un ensemble de techniques basées sur l’utilisation des propriétés de certaines plantes - dites hyperaccumulatrices. Ces plantes ont la particularité, non seulement de pouvoir pousser sur des sols contaminés, mais surtout de pouvoir se nourrir de cette pollution. 

    Grâce à leur système racinaire, elles aspirent les métaux lourds contenus dans le sol et les stockent dans leurs fibres : les feuilles, tiges ou troncs. Des propriétés que nous avons découvert après la terrible catastrophe nucléaire de Tchernobyl où des chercheurs ont observé la repousse naturelle de certains types de plantes. Idem dans certaines zones industrielles, par exemple dans le Nord et l’Est de la France dans les anciens bassins miniers. 

    De cette manière, on a découvert que des plantes pouvaient extraire des sols des métaux comme le zinc, le nickel, le manganèse, le cuivre ou encore l’aluminium. Les saules, l’orge ou le colza, certaines graminées, des fleurs comme l’Alyssum font partie de ces super-héroïnes des champs. 

    Le saule pleureur fait partie des premiers végétaux à avoir recolonisé les espaces naturels de Tchernobyl

    Une méthode qui s’inscrit dans le développement de l’économie circulaire

    La phytoremédiation possède d’autres avantages que la simple dépollution des sols, même si c’est déjà beaucoup. Cette technique favorise aussi le maintien de la biodiversité et protège les nappes phréatiques et permet de lutter contre l’érosion. 

    Mais c’est en matière d’économie circulaire que cette technique se montre encore plus intéressante. En effet, une fois l’activité d'extraction effectuée par les plantes, il est possible de les sécher pour récupérer les métaux issus des sols afin de les réutiliser. Et même en quantités infinies, ces métaux sont particulièrement intéressants pour certaines industries, notamment dans la chimie.

    La phytoremédiation, c’est donc une manière naturelle de faire d’une pierre deux coups : dépolluer des sols et favoriser l’économie circulaire. Comme quoi, la nature a encore beaucoup à nous apprendre. 

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