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Une vieille machine à café, une table basse bancale, des vêtements ou des jouets un peu rouillés : on jette parfois des objets qui peuvent encore servir. Et pour ceux qui n’ont pas de déchetterie dans le coin, souvent, on fait appel « aux encombrants ». Un service gratuit réservé aux particuliers qui vous débarrasse de tous ces vieux objets dont vous n’avez plus l’utilité. À Bruxelles, le Service de Propreté Publiques a lancé, en décembre 2022 dans le quartier des Marolles, une initiative solidaire intitulée Troc & Brol. Les objets collectés sont récupérés, remis en état si besoin puis redistribués gratuitement aux habitants du quartier, et notamment à ceux qui en ont le plus besoin.
Une seconde vie
Le projet Troc & Brol a été lancé par la ville à la demande des habitants, qui sont éloignés de la déchetterie la plus proche, et qui en avaient ras le bol des dépôts sauvages sur les trottoirs. Trois coordinateurs gèrent les opérations et collectent les objets trois matinées par semaine, comme l’explique le site Reporterre dans ce reportage.
Quand ils le peuvent, ils ramassent les articles en charrettes ou en vélo-cargo avant de les rapporter dans leur local. Le lieu, qui a pris ses quartiers rue des Capucins, sert de réserve, d’atelier pour remettre à neuf certaines pièces mais aussi de magasin. Car tous les jeudis et vendredis après-midi, les habitants peuvent venir se servir et repartir avec ce dont ils auraient besoin, le tout sans sortir leur porte-monnaie de leur poche. Une seule règle : choisir une pièce par semaine — sauf pour les vêtements. La ville précise que tous « les objets qui ne peuvent être mis en magasin immédiatement sont nettoyés, réparés ou redirigés vers des acteurs locaux de l’économie circulaire et la déchetterie grâce au service d’enlèvement de la Ville de Bruxelles. »
Le projet Troc & Brol permet de s’attaquer à plusieurs problématiques à la fois. Il évite donc les dépôts illégaux, il recycle des objets souvent en bon état, il crée du lien social et permet à de nombreuses personnes de s’en sortir, surtout durant cette période d’inflation. « Certaines personnes arrivent sans rien et doivent s’installer rapidement, explique Harold Ingber à Reporterre. Inévitablement, elles vont chercher les trucs les moins chers. C’est un rapport à l’objet très utilitaire, dans l’instant et non dans la durée. »
Le coordinateur raconte aussi que le magasin a été pensé par un bureau de graphisme pour qu’il soit « beau, chaleureux, propre mais pas trop lisse. Aller dans un magasin de seconde main ne doit pas nous rappeler notre condition sociale ». À terme, l’idée est de faire de Troc & Brol un lieu d’échange et de rencontres avec des ateliers de réparation ainsi que des projets en lien avec la réinsertion professionnelle. Avec une idée bien précise en tête : être solidaire et maintenir un lien social fort entre les habitants du quartier. Un message à retenir, en Belgique comme en France.
Crédit photos : @Marolles-Bruxelles