À louer, solidaire ou DIY… nos solutions pour un sapin de Noël vraiment plus vert

L’arbre phare des fêtes de fin d’année fait lentement sa révolution, soucieux de répondre notamment à des impératifs de développement durable. On a déniché les alternatives les plus originales, pour un sapin vraiment plus vert.

En France, la période des fêtes de Noël rime depuis de nombreuses années avec actes de charité et grandes collectes nationales, et pas seulement à cause du caractère éminemment chrétien de la Nativité. Tout le monde connaît par exemple l’initiative Sac à Sapin, lancée il y a plus de 25 ans par l’ONG Handicap International. Conditionné en Établissement et service d’aide pour le travail (ESAT), le Sac à Sapin, ingénieux système biodégradable permettant d’emballer son conifère après les fêtes pour l’apporter directement à la déchetterie, permet à une vingtaine de personnes handicapées de travailler toute l’année.

Les Pères Noël Verts du Secours Populaire, qui aident enfants et familles en difficulté, sont un autre exemple de solidarité bien établie, tout comme la Boutique Solidaire, e-shop regroupant sous une même bannière les produits de différents organismes (UNICEF, Amnesty International, Petits Frères des Pauvres, APF France Handicap…) pour encourager le shopping de cadeaux responsables.

Mais la star des festivités, le symbole (par ailleurs d’origine païenne) qui abritera tous ces beaux présents emballés, c’est-à-dire le sapin lui-même, souffre d’un déficit flagrant d’éthique : dans quelles conditions les sapins naturels poussent-ils ? Les seules alternatives sont-elles vraiment de pauvres tubes de plastique made in China ornés de fausses aiguilles ? Autant de questions dont les réponses, dramatiques pour la planète, ne nous satisfont plus. Les Éclaireurs ont donc décidé de faire le point sur les initiatives originales et responsables de ce Noël édition 2020.

Écosapin, My Little Sapin… place à la location, pour un retour logique à la nature

Le principe d’Écosapin est simple : commandez votre conifère sur le site dédié, il sera livré quelques jours plus tard via un réseau de partenaires locaux. Passez Noël auprès dudit beau sapin, roi des forêts, qui sera ensuite récupéré par l’équipe devant votre porte. Puis le sapin en pot sera replanté, ou transformé en biogaz « s’il ne reprend pas son cycle de vie », précise le site. Le but est simple : éviter que les Français jettent près de cinq millions d’arbres de Noël chaque année. En effet, selon une étude Kantar TNS réalisée en 2019, il s'était vendu en France 5,8 millions de sapins naturels cette année-là. Faites le calcul : à peine 15% d’entre eux étaient repartis à la nature après "usage".

Du côté de Treezmas et de My Little Sapin, le concept est sensiblement le même : les conifères (des Épicéas ou des Nordmann) sont sélectionnés « après avoir été cultivés spécifiquement pour les fêtes de fin d’année par des producteurs spécialistes ». Avec toutefois une particularité pour les arbres du bien-nommé My Little Sapin, issus d’une pépinière bourguignonne opérationnelle depuis six générations : en plus d’être déjà décorés (plumes de paon, boules, pompons, guirlandes, selon les goûts) ils sont "miniatures" et portent des noms beaucoup trop mignons. Difficile de ne pas craquer sur le modèle Choupinou avec ses petits cœurs en bois rouge et ses lutins en feutre, ou sur l’Épicurien et ses bouchons en liège.

Auparavant réservée aux entreprises, la location de sapins de Noël séduit de plus en plus de particuliers, surtout ceux qui n’ont pas la chance d'avoir de jardin ou de balcon. Les braves résineux sont ainsi récupérés en janvier pour être réintroduits dans leur habitat naturel. Après quelques années de voyages aller-retour entre les pépinières et de multiples habitations lors des fêtes, l’arbre sera alors définitivement remis en terre, limitant ainsi la culture intensive et l’abattement massif à usage unique.

Du Pain et des Roses, Dessine-moi un sourire… Un sapin pour aider à l’insertion

Association de formation et d’insertion devenue entreprise sociale, Du Pain et des Roses a été créée par Marie Reverchon en 2017. En trois ans, elle a aidé près de 200 femmes demandeuses d’asiles et réfugiées à devenir fleuristes, grâce à une formation privée et gratuite financée par les revenus de l’entreprise et différents mécènes.

Pour la première fois cette année, un kiosque à fleurs dédié à la vente et à l’apprentissage a été inauguré dans le 9ème arrondissement de Paris, vitrine d’une belle réussite de l'école. Pour Noël, on y retrouvera, en plus des traditionnels bouquets, des sapins issus de filières responsables (que l’on peut également commander en ligne, et ce depuis trois hivers). Malgré la pandémie Covid-19, ce nouveau point de vente cartonne : « L’accueil a été très chaleureux. Il est en fait assez rare que les gens se déplacent loin de leur quartier pour aller chez un fleuriste, et pourtant certains clients nous disent faire le trajet dans Paris juste pour nous », détaille très fier Nicolas Thyss, le directeur.

« Les revenus de l’entreprise financent indirectement l’association, notamment en fournissant des locaux », explique-t-il aux Éclaireurs. En ce moment, trois femmes suivent un parcours formateur de sept semaines, qui couvre théorie, histoire de la botanique et immersion en entreprise. À noter, Du Pain et des Roses assure des livraisons à Paris et dans les communes limitrophes.

L’association Dessine-moi un sourire fait elle aussi dans la réinsertion par le sapin de Noël. En organisant une vente annuelle depuis une dizaine d’années, elle récolte des fonds pour « financer ses projets, lutter contre les situations d'exclusion sociale et faire vivre à ses bénéficiaires une nouvelle expérience ». Créée en 2006 par Stéphane Carlier, elle a accueilli plus de 100 personnes en difficulté. Plusieurs points de vente éphémères sont actuellement ouverts dans toute la France.

Sapins à replanter soi-même, alternatives originales… coucou le "Do It Yourself" 

Quand on a le temps et/ou la place, l’idéal est encore d’acheter un sapin en pot, que l’on replantera soi-même dans son jardin ou en forêt une fois les fêtes terminées. Le fier conifère continuera ainsi sa croissance, pourra être réutilisé (on peut imaginer un sapin de Noël d’extérieur, bien vivant, à décorer) et ne finira pas au fond d’une poubelle. Car il faut savoir que la monoculture intensive du sapin limite la biodiversité des forêts et que leurs plantations polluent les nappes phréatiques à cause de l'emploi de pesticides.

On peut donc aussi imaginer de remplacer tout bonnement le célèbre résineux par une immense tenture, des palettes, un collage de photos figuratif ou une sculpture évoquant la forme d’un sapin, juste pour l’ambiance. Certains optent pour une forêt suspendue de mini-sapins découpés dans des feuilles de papier, façon minimalisme japonais. Hors Covid, la mairie de Paris proposait habituellement des ateliers pour fabriquer son propre sapin de Noël en bois de palettes, dans un FabLab participatif. De nombreuses boutiques très connnues en vendent désormais. Avantage : ils seront réutilisables pendant des années.

On l’aura compris, l’enjeu est également d’éviter le tout plastique, très polluant. En 2018, 14 % des Français avaient choisi un sapin artificiel, presque à chaque fois en plastique et venu d’Asie. Cependant, même en le changeant tous les trois ans (la moyenne observée), ses matières premières non renouvelables et son transport gourmand en ressources en font un désastre environnemental. Pour produire moins de déchets, des choix plus éthiques sont désormais possibles.

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