2022 M12 21
La sobriété l’impose : il faut réduire nos consommations énergétiques à la fois pour limiter les émissions de CO2 que leur production génère et aussi parce que la facture explose depuis plusieurs mois. Mais personne n’a dit que cela signifiait forcément d’amputer le confort. Et ça, c’est la philosophie du cabinet autrichien Baumschlager Eberle.
Ces Autrichiens sont passés experts dans la construction durable de bâtiments de logement et bureaux écoperformant sans appareil de chauffage. Première à réagir, la ville de Lyon s’est associée à Nexity pour le faire construire et c’est désormais officiel : l’immeuble baptisé L’Essentiel va se dresser dans le quartier de la Confluence. La remise des clés est prévue pour 2025.
Les travaux du premier immeuble 2226 (sans chauffage, sans climatisation et sans ventilation) doivent démarrer à Lyon IIe (69) en 2023.https://t.co/aT9mRnFU9v#HabemusPotam #immobilier #logement #promoteur #VEFA #innovation #écologie #climat #Nexity #Lyon #Confluence #Essentiel
— Guillaume Blanc (@yomecito) September 6, 2022
Bannir le chauffage, pas le confort
Mais qu’est-ce qu’il a de si spécial cet immeuble ? Plutôt que de travailler à conduire une chaleur générée artificiellement par des appareils là où on en a besoin, il se concentre sur le fait de stocker la chaleur (ou la fraîcheur en été) en empêchant sa déperdition.
Cela passe d’abord par une conception sobre : des formes simples et naturellement orientées au soleil ainsi de grandes hauteurs sous plafond pour accumuler la chaleur naturelle. Ensuite la construction vise à obtenir une très grande inertie thermique. La structure générale est faite en briques de terre cuite de 36 centimètres d’épaisseur.
Ajoutez les isolants bio-sourcés et vous obtenez des murs de 80 centimètres qui limitent les déperditions thermiques. De même les menuiseries – des fenêtres triple vitrage – sont enfoncées dans les murs, réduisant ainsi les ponts thermiques.
22° sans radiateur
Surtout, L’Essentiel évite tous les équipements technologiques. Ni pompe à chaleur, ni climatisation, et encore moins de radiateur. Les seules sources de chaleur sont naturelles, tels l’ensoleillement et l’activité humaine, et celle résiduelle de nos lumières et appareils électriques.
Ne croyez pas que cela signifie vivre dans une grotte avec deux pulls empilés. Peu importe la saison, la température intérieure ne descend jamais sous 22 °C, même quand il fait -10 °C dehors, et ne montera guère plus haut que 26 même quand il fait 30 en été. Ce sont d'ailleurs ces deux valeurs qui ont donné son nom à ce concept d’immeuble : le 2226.
Seule concession, des capteurs extérieurs déclencheront l’ouverture d’évents afin d'assurer le maintien de la bonne température intérieure. Mais alors, pourquoi se priver des appareils de confort ? Parce qu’ils sont coûteux et énergivores.
La fin des passoires thermiques
Comme le décrit l’architecte, dans les immeubles récents « une proportion croissante du budget est consacrée aux équipements techniques comme le chauffage et la climatisation », et ce malgré les progrès techniques en terme d’efficacité thermique (les appareils chauffent mieux avec moins d’énergie).
Cela vient du coût de l’énergie qui progresse mais aussi de la maintenance des appareils. Quand un immeuble peut structurellement tenir 50 à 80 ans sans être dégradé, ces équipements sont, eux, souvent obsolètes après 20 ans.
SI L’Essentiel voit le jour, ce sera grâce aux longues recherches de l’architecte Dietmar Eberle du cabinet Baumschlager Eberle. Celui-ci a déjà érigé un bâtiment 2226 à Lusternau en Autriche en 2013 avant d’en construire un deuxième en Suisse, à Emmen en 2018. Des discussions seraient en cours à Paris mais le premier en France sera celui de Lyon. Le chantier démarrera en 2023, au bord du Rhône (secteur humide et donc plus froid) pour donner dans 2 ans 23 logements où la vie sera plus douce (et moins chère).
Crédit photos : Baumschlager Eberle / Eduard Hueber (c)