2022 M10 6
Le transport maritime devrait représenter 17% des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050. Une source de pollution énorme pour un secteur qui est indispensable à nos modes de vie actuels, puisque 90% du transport de marchandises, dans le monde, passe par la navigation. Aussi, il est plus qu’urgent de trouver des alternatives zéro carbone pour équiper les bateaux, et c’est précisément ce qui va se passer très prochainement à Marseille.
Car aujourd’hui, les alternatives pour décarboner la navigation ne sont pas nombreuses. Il y a des technologies qui permettent d’optimiser le routage des navires afin qu’ils consomment moins de carburant en profitant davantage des courants marins grâce à l’intelligence artificielle. C’est une première étape, mais encore insuffisante. Côté propulsion, pour remplacer le fioul lourd, il existe une alternative appelée GNL (Gaz Naturel Liquéfié) qui est moins polluante mais qui reste une énergie fossile. En parallèle, certaines entreprises misent sur le retour des bateaux à voiles pour le commerce, mais cela reste pour le moment à l’état de prototype.
Il y a également le recours à l’hydrogène vert. Utile également pour décarboner les voitures et camions, l’hydrogène est une technologie qui commence à faire sa place dans le monde maritime avec quelques références comme le bateau Energy Observer. À l’avenir, elle pourrait représenter la meilleure solution pour dépolluer ce secteur.
Un impératif d’autant plus important que la législation évolue pour contraindre davantage les bateaux à réduire leur pollution. Depuis 2020, la teneur en soufre des carburants marins est par exemple limitée à 0,5%, contre 3,5% auparavant. Et à partir de 2025, elle sera même limitée à 0,1% en Méditerranée.
Le bicarbonate de soude, allié du transport maritime écolo ?
C’est d’ailleurs précisément pour anticiper cette évolution que la compagnie La Méridionale va tester à Marseille un filtre innovant qui permettra de réduire presque à 100% les émissions polluantes d’un de leurs Ferry chargé d’effectuer la liaison avec la Corse. « C’est une solution inédite, une première mondiale », s'enthousiasme ainsi Marc Reverchon, président de la compagnie La Méridionale.
Concrètement, la compagnie va équiper son bateau d’un filtre extrêmement performant, capable d’éliminer 99% des oxydes de soufre (SO2) mais aussi 99,9% des particules fines et ultrafines. Et cette invention repose sur un ingrédient bien connu des écolos et de nos grands-mères : le bicarbonate de soude.
C'est en effet un procédé bien connu dans les centrales thermiques : une poudre de bicarbonate de sodium est injectée à la sortie des moteurs, dans le collecteur des gaz d’échappement. Le bicarbonate va agir sur les particules polluantes directement à ce moment-là afin de les capter et permettre au filtre de stopper leur course. Une réaction chimique toute simple qui devrait avoir de grandes conséquences sur nos poumons et ceux de la planète.
Car à Marseille, on sait qu’au moins 39% des émissions d’oxydes d’azotes sont liés au transport maritime. Mais ça, c’était avant. Par ailleurs, cela offre aussi de nouvelles perspectives en matière de tourisme durable pour celles et ceux qui ne veulent pas prendre l'avion pour aller en Corse.