Agrivoltaïsme : sous les panneaux solaires, les champs

Des panneaux photovoltaïques qui s’ouvrent et se ferment comme des persiennes, commandées par des algorithmes qui analysent à la fois les données météorologiques, hydriques et l’état des plantes... Voilà ce que l’on pourrait voir pousser au-dessus nos champs d’ici quelques années. Ce concept permet de protéger les cultures des aléas climatiques et d’avoir une meilleure rentabilité agricole tout en produisant de l’énergie propre. Bref, l’agrivoltaïsme pourrait bien être le futur de l’économie rurale.
  • L’agrivoltaïsme : derrière ce néologisme, se cache une piste prometteuse pour la transition écologique, qui associe l’agriculture à la production d’énergie renouvelable. Cette technique consiste à installer des panneaux solaires au-dessus des plantations. « Les panneaux sont situés à 5 mètres de hauteur pour laisser passer les engins agricoles et ils sont mobiles, ils peuvent tourner comme une persienne. Tantôt, ils vont bloquer le soleil pour apporter un maximum d’ombre et protéger la plante, tantôt ils vont le laisser passer pour apporter toute la lumière dont elle a besoin », détaille Antoine Nogier, le président de la société Sun’Agri, qui a développé le concept en France. Tout l’art du pilotage de cette persienne va être de maximiser en temps réel le bien-être de la plante.

    C’est un logiciel développé par l’entreprise en mode IA, qui s’en charge. Il anticipe les données météo, analyse la nature du sol, calcule les besoins en lumière et en eau de la plante en fonction de sa croissance, etc. Résultat : le rendement agricole s’en trouve fortement amélioré et la planète aussi. « Car le système produit également de l’électricité photovoltaïque, même quand les panneaux sont en effacement », poursuit le patron de Sun’Agri.

    Des vignes en pleine forme pour un vin bonifié

    Comme les cultures maraîchères et fruitières, la vigne, victime de plus en plus régulière de la canicule ou d’orages dévastateurs, tire de nombreux bénéfices de l'agrivoltaïsme. « J’ai adopté cette technique d’abord à cause du réchauffement climatique. Avec ce système d’agrivoltaïsme, le but c’est d’avoir, grâce à la protection du vignoble, des vins beaucoup plus acides concernant les blancs et des vins beaucoup plus légers pour les rouges », explique Pierre Escudié, qui a récemment fait installer des panneaux sur son Domaine de Nidolères, dans les Pyrénées-Orientales.

    Un raisin qui mûrit trop vite, à cause de fortes chaleurs, c’est la hantise des vignerons. Il donnera en effet un vin de moindre qualité car trop chargé en alcool. Pierre Escudié ne s’y est pas trompé : « On a constaté avec la canicule cet été que les vignes ont été protégées et qu’elles n’ont pas souffert alors que la parcelle témoin, qui n’est pas équipée de panneaux, était beaucoup plus abîmée. »

    L’agrivoltaïsme, un concept proche de la panacée ? 

    Selon L’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, une cinquantaine d’exploitations agricoles utilisent déjà cette technique dans l’hexagone. Et ce n’est que le début. Antoine Nogier, le président de Sun’Agri, s’est fixé comme objectif de lever 1 milliard d’euros d’ici 5 ans pour accélérer la protection des cultures avec ses persiennes high-tech. Car son concept gagnant-gagnant, qui allie production d’électricité et protection des cultures, permet aussi de ne pas sacrifier des terres agricoles pour les transformer en fermes solaires. Bref, pour la planète, c’est tout bénef !

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