2023 M09 7
Dans une étude parue dans la revue Cell Chemical Biology, les scientifiques expliquent le fonctionnement du traitement révolutionnaire dontt ils sont à l'origine.
Baptisé AOH1996, le nom de ce médicament rend hommage à une petite fille décédée d'un neuroblastome, la tumeur maligne solide extra-cérébrale la plus fréquente chez l’enfant. En épargnant les cellules saines, cette nouvelle pilule, d’ores et déjà testée dans un essai clinique de phase 1, a montré son efficacité sur des cellules de cancer du sein, de la peau, du poumon, de la prostate, de l'ovaire, du cerveau et du col de l'utérus. AOH1996 s’attaque aux tumeurs solides caractérisées par un amas de cellules cancéreuses contrairement aux cancers sanguins dont les cellules malignes circulent dans le sang.
Comment cette chimiothérapie s'attaque-t-elle donc aux tumeurs ?
Attention, c’est technique ! Pour mettre au point cette chimio d’un nouveau genre, les scientifiques de City of Hope ont utilisé une protéine appelée antigène nucléaire cellulaire proliférant, PCNA, en acronyme english. " Notre pilule anticancéreuse agit comme une tempête de neige qui n’obligerait à fermer que les portes des vols entrants et sortants d’avions transportant des cellules cancéreuses ", explique, dans un article du New York Post, Linda Malkas, professeure au département de diagnostic moléculaire et de thérapeutique expérimentale de City of Hope. Prosaïquement, le médicament conçu par l’équipe scientifique cible la forme spécifique de la protéine PCNA, modifiée dans les cellules cancéreuses. Celle qu’il faut éliminer, quoi !
Un traitement qui préserve les cellules saines
Contrairement aux autres chimiothérapies, celle-ci a l’immense avantage d’épargner les cellules saines. Testée d’abord dans des modèles cellulaires puis sur des animaux, AOH1996 « tue » sélectivement les cellules cancéreuses tout en maintenant le cycle de reproduction des cellules souches saines. Dans leur publication du Cell Chemical Biology, les scientifiques indiquent que le ciblage des conflits de transcription et de réplication des cellules pourrait avoir d’importantes implications thérapeutiques anticancéreuses. Leur traitement expérimental a justement empêché les cellules dont l'ADN était endommagé (les cellules malignes) de se diviser et de faire une copie de l'ADN défectueux. En clair, AOH1996 consiste à mettre un terme à la réplication ad libitum des cellules cancéreuses.
Une histoire tragique à l’origine de ce traitement prometteur
Dans l’article du New York Post, l’autrice principale de l’étude du Cell Chemical Biology, Linda Malkas, raconte la genèse de ce traitement avec le destin dramatique d’Anna Olivia Healey, une fillette née en 1996 dans l’Indiana et décédée à neuf ans d’un neuroblastome. "J’ai voulu faire quelque chose de spécial pour cette petite fille. J’ai rencontré son père quand elle était en phase terminale. Il m’a demandé si je pouvais faire quelque chose contre le neuroblastome et il m’a remis en 2005 un chèque de 25.000 dollars pour mon laboratoire. Il était trop tard pour aider Anna, mais je me dis toujours qu’il y a une petite fille de neuf ans, assise sur mon épaule droite, elle est comme une pierre angulaire pour moi". 20 ans plus tard, Linda et son l’équipe de recherche ont donc enfin réussi à combler les attentes du papa d'Anna avec ce traitement très prometteur qui va entrer dans une nouvelle phase de tests cliniques avec de nouveaux volontaires.