2023 M03 2
Welcome to England ! C’est l'association 4 Day Week Global qui a rendu public son bilan après avoir surveillé pendant 6 mois plus de 60 entreprises qui ont mis en place la semaine de 4 jours. La plus vaste étude grandeur étude jamais réalisée. Comprenez que, dans ces entreprises, 2900 salariés du Royaume-Uni ont bénéficié d’un jour de congé hebdomadaire sans que leur rémunération soit réduite. Or, les résultats sont très encourageants.
Plus de 90 % des sociétés ayant testé cette organisation (56 sur 61) vont la conserver. Et pour cause : non seulement leurs chiffres n’ont pas baissé depuis mais, en moyenne, leurs recettes ont même augmenté d’1,4 %. Le chiffre d’affaires serait aussi 35 % supérieur à la même période en 2021.
The world's largest trial of the four-day work week finds a majority of companies are making the shift https://t.co/RsL31n51s5
— Bloomberg (@business) February 24, 2023
Côté employés non plus, on ne se plaint pas : l’absentéisme a baissé de même que les arrêts maladie comme le rapporte l’AFP. Les questions de stress, les problèmes de sommeil et de fatigue physique disparaîtraient un peu. Les démissions ont chuté de 57 % et plus d’1 employé sur 2 assure être plus productif depuis. Qu'est-ce qu'on attend ?
Ralentir devient rentable
Travailler moins pour travailler mieux est une vieille idée, déjà expérimentée aux US dans les années 90. Mais aujourd’hui deux choses ont changé. D’abord, le développement des visios et outils numériques en cloud qui facilitent l'asynchronicité et la complémentarité. Ensuite, la flambée des coûts qui rend l’absence profitable : une activité réduite certains jours ou des postes éteints, ce sont des économies d’énergies or celles-ci coûtent de plus en plus cher.
Chauffage, lumières, carburants… Employés comme employeurs ont intérêt à limiter ces dépenses. 4 Day Week Global n’a pas encore pu produire de chiffres précis sur ce point, mais confirme l’avoir déjà constaté lors d’autres expériences menées en Irlande et Amérique. Mais aussi en France...
"Tout faire pour aider l'entreprise"
— Telematin (@telematin) November 15, 2022
Pour faire jusqu'à 16 % d'économies d'énergie, certaines sociétés expérimentent la semaine de 35h en 4 jours 🔴 @infofrance2 #inflation pic.twitter.com/ru3200nmFU
Un changement dans l’ère du temps et des urgences actuelles puisqu’il permet de réduire en moyenne les trajets des employés d’une demi-heure par semaine, réduisant d’autant les émissions de CO2. Conséquence de quoi, selon une étude d’Alixio, 12 % des entrepreneurs pensent s’y mettre prochainement. Alors, la panacée ?
4 jours partout et pour tous ?
L’expérimentation anglaise a été réalisée dans des sociétés très différentes, venant de secteurs tels que la robotique, la restauration ou la finance. Un cabinet de conseil en questions environnementales d’une centaine d’employés y côtoie une startup de vente de livres avec 10 collaborateurs... Toutefois l'organisation n’est pas accessible à tous car elle nécessite de gros travaux en amont : « Il nous a fallu éliminer toutes les tâches inutiles, afin d’accomplir la même quantité de travail en 4 jours qu’en 5 » confie l’un des patrons au Temps. Une capacité que n’ont pas eu 9 sociétés ayant quitté l’expérience avant sa fin.
Ensuite, cela signifie un étalement du travail sur plus de jours, ce qui peut impliquer de travailler le week-end pour que d’autres puissent prendre leur lundi, avec des « conséquences non négligeables sur la vie sociale » comme l’explique l’économiste Eric Heyer. Ce qui peut faire peur.
En France, l’URSSAF a testé la semaine de 4 jours, proposant de travailler 4 journées de 9 heures au lieu de 5 de 7 heures et 20 minutes. Seuls 4 employés ont accepté… sur 200. Ce qui fait que les entreprises françaises préfèrent envisager le télétravail plutôt que la réduction du temps de travail. D'ailleurs le ministre a déjà jeté l'éponge : "on ne veut pas rouvrir le débat sur le temps de travail" a déjà fait savoir Olivier Dussopt quant à une révision des 35 heures.
Urssaf de Picardie: la semaine de 4 jours fait un flop pic.twitter.com/4PJf12ccGh
— BFM Business (@bfmbusiness) March 1, 2023
Pourtant, cette solution aurait un bénéfice concret à l'échelle du pays. Selon une étude du groupe Malakoff Humanis, le coût total des arrêts maladie en France s'élevait à environ 17 milliards d'euros en 2019. Un "pognon de dingue" pour la collectivité et une difficulté de ressource humaine ingérable pour bien des PME qui se transforme en perte de productivité... alors que la semaine de 4 jours les réduit indéniablement. Une information à méditer pendant vos RTT ?