C'est quoi les Rhino Bonds, l'arme de la Banque Mondiale pour protéger les Rhinocéros ?

Jusqu’au milieu du 19ème siècle, les rhinocéros étaient largement répandus dans les savanes d’Afrique et les forêts tropicales d’Asie. On en compte aujourd’hui moins de 30 000 dans le monde, et 4 des 5 espèces que l’on connaît sont en danger d’extinction. Pourtant, parce qu’il est le deuxième plus gros mammifère du règne animal, le Rhino a très peu de prédateurs dans la vie sauvage. Son principal ennemi : c’est l’homme. 

Un mammifère doublement menacé

L’homme pèse considérablement sur les chances de survie des Rhinocéros à deux points de vue. D’abord avec le braconnage. La corne de Rhinocéros, une matière qui ressemble à nos ongles, se vend plus cher que le gramme d’or ou que le gramme de cocaïne sur les marchés parallèles. Bien que le commerce international de cornes de rhinocéros soit interdit par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) depuis 1977, la demande reste forte, notamment dans les pays asiatiques. Le Rhinocéros subit aussi la perte de son habitat en raison du développement des activités humaines. 

De nombreuses initiatives apparaissent ainsi pour protéger l’espèce. Cela va de programmes de conservation de l’espèce lancés par des ONG et des gouvernements, jusqu’à des initiatives plus originales, comme par exemple la création du Rhino Coin, une crypto-monnaie qui devait servir à financer la protection de l’espèce. Une autre initiative originale similaire a d’ailleurs été proposée récemment par la Banque Mondiale : les “Rhino Bonds”. 

Un bénéfice financier uniquement si les populations de Rhinocéros augmentent

Le 31 mars 2022, la Banque mondiale a émis sur les marchés un emprunt de 150 millions de dollars en “Rhino Bonds”. Qu’est-ce que c’est concrètement ? Il s’agit d’un mécanisme financier différent de ce qui se pratique d’habitude. En effet, les investisseurs qui vont acheter ces emprunts ne percevront pas d’intérêt sur ces titres, et ce pendant toute leur durée de vie. Par ailleurs, les bénéfices engendrés par leur achat seront conditionnés à l’atteinte d’un objectif qualitatif : l’augmentation de la population de rhinocéros noirs dans deux réserves africaines à qui les bénéfices de ces obligations sont reversés. 

Un bonus de 14 millions de dollars pourra ainsi être versé aux investisseurs au bout de cinq ans si, et uniquement si les populations de rhinocéros noir augmentent dans les réserves sélectionnées par la Banque mondiale. Un incentive intéressant pour des acteurs financiers soucieux de prendre part à la protection de la biodiversité. 

C’est la première fois qu’un tel mécanisme est mis en place par la Banque mondiale et ce procédé servira de test pour voir si le monde de la finance peut être intéressé par le fait de soutenir des actions vertueuses par ce biais. Si tel était le cas, le programme pourrait s’étendre à d’autres espèces animales en danger, notamment les orangs-outans.