2023 M03 13
Le 26 mars, l’équipe des Orlando Pride entrera sur la pelouse avec une toute nouvelle tenue : les noms et numéros des joueuses de cette équipe de foot pro seront désormais en noir sur fond blanc au lieu de gris et leurs shorts, qui étaient blancs, deviendront noirs. Ce point en particulier est important car il permet aux joueuses de ne plus être inquiètes en périodes de règles, et donc de jouer sans arrières-pensées.
Pour dire les choses sans prendre de détours, le sang des menstruations tache les vêtements - plus encore les shorts blancs. Et, bien que cela soit 100 % naturel, cela se révèle perturbant pour celles qui ont besoin de toute leur concentration.
Lignes blanches, tache rouge
« Les raisons qui font qu’on ne veut pas porter de short blanc sont évidentes, mais c’est malheureusement quelque chose qui n’a jamais été abordé jusqu’à récemment » commente la milieu de terrain, Erika Tymrak dans un communiqué du club de la NSWL (National Women’s Soccer League). De fait, Orlando Pride est la première équipe de cette ligue à opérer ce changement et le clamer.
A ce jour, nombre de sportives sont tentées de ne pas jouer parce qu’un match tombe pendant leurs règles. La preuve, selon la Women's Sports Foundation, deux fois plus de filles abandonnent la pratique d’un sport à la puberté que les garçons. En optant pour des shorts foncés, le club américain assurera à ses joueuses de ne plus être perturbées par leur cycle menstruel.
Le fait est que la question des règles reste un tabou de nos sociétés maintenu par l’absence de communication. La publicité pour les protections périodiques a longtemps maintenu ce silence en présentant un mystérieux liquide bleu translucide en lieu et place du sang. Il a fallu attendre 2011 pour voir un (seul) point rouge sur une serviette hygiénique dans une affiche de pub de la marque de serviettes Always (ci-dessus). Le changement est en cours, mais toutes les passes n’ont pas été décisives, loin de là.
En 2019, sa concurrente, Libra, a présenté un spot montrant du sang sur les cuisses d’une femme dans sa douche. Les spectateurs australiens ont crié au scandale et dénoncé une pub « vulgaire » ou « dégradante ». Dans les jours qui ont suivi, plus de 600 plaintes avaient été déposées auprès de l’autorité de l’audiovisuel locale... qui les a rejetées au titre que tout ce qui était montré n’était ni une offense ni rabaissant pour les femmes.
Seul moyen de faire bouger les mentalités : assumer et en parler. Ce que de plus en plus de sportives font.
Des crampes... aux crampons
Parmi elles, la joueuse de rugby Galloise, Elinor Snowsill qui déplore le manque d’installation et de préoccupation des clubs fédérations pour ce sujet. « Une fois, j'ai dû changer mon tampon dans un conteneur à protections sur le côté du terrain » a raconté la demi d'ouverture du Pays de Galles à la BBC.
Toutefois les choses bougent dans le sport. Le club de foot féminin de Manchester City a ainsi troqué ses shorts blancs pour des rouge bordeaux tandis que le tournoi de Wimbledon autorise enfin les tenniswomen à porter des sous-vêtements de couleur sous leur jupe réglementaire, après que la campagne de militantes féministes #AdressThe DressCode l’ait réclamé haut et fort…
« Nous espérons que ces ajustements aideront les joueuses à se concentrer uniquement sur leurs performances en éliminant une source potentielle d’anxiété » a précisé la directrice Sally Bolton. Car changer de couleur n'est pas suffisant pour éliminer la stigmatisation des règles. Pour atteindre ce but, il faut aussi dire sans équivoque pourquoi on l'a fait. Sinon, c'est une balle perdue...